lundi 30 décembre 2013

"Les débutantes" J.Courtney Sullivan.



Ma dernière lecture décrivait l'adolescence dans un lycée, "Les débutantes" raconte une histoire d'amitié entre quatre filles qui font connaissance dans une université américaine "Smith", école privée féminine.
J'avais acheté ce bouquin en poche après avoir lu "Maine" du même auteure, livre que j'avais beaucoup aimé, j'avais écrit une gazette au mois d'août, une histoire de femmes.
"Les débutantes" a été écrit avant "Maine", j'ai préféré ce dernier tout en ayant beaucoup de plaisir à lire "Les débutantes", j'ai une petite critique négative, ce livre aurait pu être moins long, il y a des longueurs, des répétitions, il m'est arrivé de sauter quelques passages qui n'avaient aucun intérêt et ma lecture n'a pas été perturbée, chose que je fais rarement en lisant.
J'entendais Pivot qui disait qu'il ne fallait jamais avoir honte de ne pas finir un livre si il ne nous plaisait pas, là j'ai un problème, je n'y arrive pas, je vais jusqu'à la fin, j'attends le petit miracle. Cela n'a pas été le cas de ce bouquin, je suis allée jusqu'au bout sans me forcer, j'ai même lu des heures entières sans me relever du canapé.

Célia, April, Bree et Sally font connaissance en arrivant à l'Université, elles vont habiter le même étage, quatre chambres où les portes resteront souvent ouvertes dans le cas où une des quatre aurait besoin de se confier. Une grande amitié va se développer tout au long des quatre années d'études, elles seront inséparables malgré leur différence d'origine et leur façon de concevoir la vie.
"Smith" est un haut lieu du féminisme, ses murs ont abrité des féministes célèbres, entre autres Gloria Steinem une journaliste qui a toujours défendu ses idées dans un journal.
"Smith" est aussi réputée pour sa communauté lesbienne, et Bree connaîtra l'amour avec Lara qu'elle rencontre sur le campus, une histoire compliquée pour elle, elle sait qu'elle pourrait aimer aussi un homme, elle n'est pas une pure lesbienne malgré son attirance pour Lara et ses relations avec ses parents l'attristent. Lara veut mettre leur relation au grand jour, Bree ne veut pas, elle ne sent pas prête à en parler avec ses collègues de travail, à l'imposer. Lara partira laissant Bree dans le désarroi.
Sally ne rêve que d'une chose créer une famille, avoir une belle histoire d'amour, à la grande surprise de ses copines qui elles veulent vivre librement, les hommes elles vont les collectionner sans jamais s'attacher.

April travaillera avec Ronnie qui lutte pour la condition féminine mais qui se sert d'elle pour accomplir le sale boulot. C'est April qui a eu ma préférence, elle se livre à fond dans son combat, la défense des femmes, c'est elle qui restera la plus fidèle à ses convictions. Elle est attendrissante dans sa recherche de l'absolu.

Célia travaillera à New-York dans l'édition tout en rêvant d'écrire son bouquin, seule dans son petit appartement. Il lui arrive de rêver d'un homme amoureux, d'enfants sans jamais concrétiser, elle a compté ses amants jusqu'à 10, elle espère juste ne pas arriver à 20.

Je n'aime pas les séries américaines qui décrivent la vie des femmes tels que "Sex and the city" ou autres, je ne regarde pas, je trouve que leur vie est tellement éloignée de la nôtre, ce livre aurait pu aussi me laisser indifférente,  mais j'ai bien aimé ce bouquin pour son histoire d'amitié indéfectible malgré les petits accrocs inévitables et pour la lutte des femmes qui essaient de rendre le monde moins macho, ce n'est pas gagné.
Une amitié solidement ancrée peut survivre toute une vie, même si les chemins se séparent à un moment donné.
J'ai toujours eu plein de copines lorsque j'étais plus jeune, et il y a des passages qui m'ont fait sourire, ça me rappelait les moments où nous habitions toutes au même endroit, le mari de l'une de nous s'absentait pour la soirée et aussitôt le téléphone sonnait "Vous venez me tenir compagnie un petit moment" nous accourions et nous avions des crises de fou-rire pour des riens, les hommes n'auraient pas compris.
J'ai la chance d'avoir un mari qui n'est pas  macho pour un sou, je  n'ai jamais eu à lutter pour mes idées ou pour mon indépendance, si je parais plus dépendante maintenant c'est moi qui ai fait le choix, ça me convient, la vie a voulu que le fait que l'on s'occupe de moi me rassure, me fasse du bien, et mon conjoint n'a jamais abusé de la situation, je n'ai donc rien à revendiquer.

Ce qui me met souvent en colère c'est le machisme dans le travail ou même dans une association, cette idée que seuls les hommes sont capables de diriger, de prendre des décisions en haut de la pyramide. Aux femmes les petites besognes, aux hommes la lumière, mais il y a des causes qui méritent notre investissement et d'autres qu'il vaut mieux ignorer pour ne pas se compliquer la vie, la majorité des femmes a toujours su aller directement aux priorités.
Je n'aurais jamais pu être celle qui prépare un café à son chef de bureau, comme on le voit souvent ! Je m'insurge dès que les hommes font des plaisanteries graveleuses sur les femmes, je ne supporte pas.
Pour autant je n'aime pas le féminisme radical, ce féminisme imite trop le machisme de certains hommes. Il faut juste se respecter.

Dans le bouquin il est aussi question du viol des femmes, bien plus important que nous le pensons, même les hommes qui paraissent très bien élevés sont capables du pire, le règne animal aussi connaît le viol sauf les bonobos, un extrait du livre :

"une anthropologue féministe (…) leur parla de ses recherches sur le viol dans le règne animal. D'après elle, il existait une forme de viol dans presque toutes les espèces, à part chez les bonobos, un groupe primates similaires aux chimpanzés. A un moment donné, les femelles bonobos décidèrent qu'elles n'allaient plus tolérer les violences sexuelles. Aussi, lorsqu'un mâle attaquait l'une d'entres elles, cette dernière émettait un son pour attirer l'attention sur elle. Les autres femelles bonobos arrêtaient ce qu'elles étaient en train de faire, se ruaient en direction du bruit et, toutes ensemble, elles dépeçaient le coupable. (…) Pourquoi est-ce que les femmes ne se comportaient pas plus comme cela ? "

Voilà mon avis sur ce bouquin. J'ai aimé ce livre qui semble facile mais qui est intelligent.
En le lisant j'ai repensé aux "Chroniques de San-Francisco" j'avais lu tous les bouquins parus à l'époque, très américains mais vraiment agréables.

J'ai acheté tout à l'heure celui se Khaled Hosseini "Ainsi résonne l'écho infini des montagnes." c'est l'auteur de "Les cerfs-volants de Kaboul" un des plus beaux livres lu ces dernières années, j'espère ne pas être déçue.

Petit signe à Michèle ma copine de scrabble, ne l'achète surtout pas, je l'ai. Elle a acheté "Vertiges" de Lionel Duroy, notre petit commerce continue...

Bye MClaire.



dimanche 22 décembre 2013

Soudain tout change -Gilles Legardinier.


JOYEUX NOEL - Si ce n'est pas trop tard une idée de cadeau pour un ado lecteur ou pour ses parents "Soudain tout change."



 

 

Je suis très ennuyée en commençant cette gazette, je ne sais pas si je dois conseiller ce livre pour une raison toute simple, je ne sais pas qui va lire cette gazette. Vous êtes ados, vous pouvez sans aucun doute, des parents d'ados vous pouvez, ça vous aidera peut être à comprendre ces enfants si versatiles, une mamie de grands ados, je ne sais pas, c'est mon cas. 

J'ai lu ce livre sans ennui mais sans passion, j'avais l'impression d'être une intruse dans un monde que je n'ai pas reconnu, mes années de lycée sont tellement éloignées de ce que raconte Camille l'héroïne du livre et je ne suis que la mamie de grands ados, ce n'est pas moi qui partage leurs problèmes de lycée, les anecdotes avec leurs copains, leurs petits secrets, leurs amourettes, ce sont les parents. Nous les gardions très souvent pendant les vacances, c'était un autre monde que le monde de l'école.
 
J'avais beaucoup aimé "Demain j'arrête" du même auteur, beaucoup ri, j'ai acheté celui là certaine que j'allais encore avoir des grands éclats de rire. J'ai souri souvent parce qu'il y a certains personnages qui sont très drôles, j'ai lu avec intérêt les passages qui mettent en scène le prof d'éco, sympathique, il dit des choses tellement vraies assez profondes, un prof comme nous les aimons lorsque nous fréquentons l'école. Je n'ai pas réussi à ressentir une vraie émotion en lisant les aventures de ces jeunes, il y a la maladie de Léa qui peut nous attrister, mais là encore moi qui ai la larme facile en lisant, presque rien.
Je ne veux pas oublier l'écriture de Gilles Legardinier, elle est toujours aussi agréable, fluide, facile à lire, ce n'est pas ça qui me fait regretter l'achat de ce livre, c'est juste qu'il n'était pas fait pour moi, mais encore une fois si vous n'avez pas mon âge ne vous privez pas du plaisir de le lire.
 
L'histoire :
 
Camille et ses copains vivent leur dernière année de lycéen, il y a Léa sa meilleure amie, presque sa sœur. Nous avons tous eu une meilleure amie au lycée, celle avec qui nous partagions tous.
Il y a les parents avec quelquefois des vies un peu compliquées, le choix de l'après bac, Alex celui qui a les faveurs des deux copines, pour ne pas briser leur précieuse amitié elles décident de ne jamais avoir une aventure avec lui.
Tibor l'élève un peu déjanté, incollable en maths mais qui se livre à des actes un peu fous.
Monsieur Rossi, le prof d'éco.
Je me répète, j'ai beaucoup aimé ce prof qui leur apprend la vie avec des mots qui touchent. Il va même inventer le nom d'un économiste indien pour intéresser les enfants, partant du principe que les étudiants sont beaucoup plus intéressés lorsqu'on leur apprend quelque chose venant d'une autre personne plutôt que les idées d'un prof qui ne passionnent pas vraiment les élèves. Ce sont les passages que j'ai beaucoup aimés.
Il y a la maladie de Léa, maladie grave du cœur et toute la solidarité qui se met en place autour d'elle. Maladie qui leur fera perdre leur insouciance.
 
C'est toute l'histoire de ces ados. Une adolescence qui ne ressemble pas du tout à la mienne, nous étions moins intrépides, l'éducation beaucoup plus rigide, les profs plus inaccessibles, plus respectés. J'ai une anecdote pour vous donner une idée de l'ambiance :
Avec Christian nous étions allés danser dans un bal de la Croix-Rouge ou autre chose je ne sais plus, nous étions amoureux comme le sont les jeunes, nous dansions un slow qui facilitait le rapprochement et d'un seul coup je sens une main sur mon épaule, c'était ma prof qui dansait aussi et qui m'a dit d'un ton réprobateur "Marie-Claire, essaie de tenir un peu mieux." Je ne faisais rien d'illégal pourtant, même à l'extérieur l'école avait un œil sur nous ! Je n'allais pas danser un slow les bras tendus à un mètre de mon cavalier, pas question, j'ai fait comme si je n'avais rien compris, elle outrepassait son rôle.
 
Je n'ai même pas reconnu l'adolescence de mes enfants, il y a donc un monde entre les années 1980-85 et celles que nous vivons. J'avais pourtant l'impression que mes enfants ados étaient très différents de mon monde à moi, il arrivait que nous ayons de la peine à comprendre leurs réactions, mais nous ne savions sans doute pas tout.
 
Faîtes ce qui vous semble bon, achetez ce livre si vous pensez qu'il est pour vous.
 
Bye MClaire.  

 


vendredi 13 décembre 2013

Sorj Chalandon - Une promesse


Après avoir lu "Le quatrième mur" du même auteur, je craignais d'être un peu déçue. Les écrivains peuvent écrire un chef-d'oeuvre et d'autres bouquins plus inégaux, le talent n'est pas quelque chose qu'ils possèdent à vie, il faut sans cesse se remettre en question, ça doit être assez stressant et même paralysant. Je regardais une émission sur Françoise Sagan l'autre soir "Bonjour tristesse" a été son plus grand succès et c'était le premier, on se rappelle de ce titre mais les autres, Est-ce que vous pourriez citer cinq titres de Sagan? Honnêtement moi non, en m'aidant de Wiki il me reviendrait à l'esprit quelques histoires racontées par elle, c'est tout.

"Une promesse" a été publié en 2007, prix Médicis, écrit bien avant "Retour à Killybegs" qui paraît-il est un de ses très bons bouquins, je vais le lire, je me suis entichée de cet auteur.

J'ai commencé à le lire tranquillement, l'histoire semblait belle, prenante, j'ai fini le bouquin en larmes, mais vraiment en larmes, pas de simples larmes de tristesse vite effacées le long de la joue. Je me pose toujours la question "Pourquoi est ce que je pleure si facilement en regardant un film, en lisant en livre et pas lorsque j'ai un vrai chagrin, les larmes sont bloquées, le chagrin m'étouffe mais ne s'exprime pas, ce n'est que quelques jours plus tard que tout se déverse, et il faut un déclencheur?" Je remarque une attitude qui me blesse profondément, je ne dis rien, je ne pleure pas et un jour ce sont les chutes du Niagara, c'est comme ça.

J'ai aussi la chance de rire, de beaucoup rire, heureusement. Je suis une vraie méditerranéenne, souvent excessive mais spontanée, vivante.

J'ai essuyé mes larmes, je peux vous raconter ce qui m'a tant plu dans ce livre.

Il ne se passe pas grand chose dans ce roman, très peu d'action, que des sentiments décrits avec un talent fou.

C'est une histoire d'amitié et d'un amour profond, un vieux couple qui s'aime jusqu'à la mort, ils mourront ensemble, parce que lui ne peut pas imaginer vivre sans elle.

Etienne et Lucien sont les deux fils d'un marin mort au large de Penmarch, la mère décide de quitter le bord de mer pour éviter à un de ces enfants de mourir en mer, elle part s'installer dans les terres, en Mayenne. Les enfants se font des amis qui resteront toujours dans ce petit village, des vraies amitiés d'enfance, il y aura un amour d'enfance qui se transformera en amour de toute une vie, Fauvette et Etienne qui se sont tenus la main petits et qui se la tiendront jusqu'à la fin. Il y aura aussi des amis qui viendront se greffer au groupe et tous fréquenteront avec assiduité le bistro de Lucien "Le bosco", le lieu de rencontre, là où ils boiront le vin de "la promesse".

La promesse est qu'après la mort de Fauvette et d'Etienne, Lucien le "petit" frère d'Etienne fait promettre à leurs sept amis de continuer à faire vivre la maison "Ker Ael", chacun sa tâche et chacun son jour. Ils ouvrent les volets, mettent le couvert, des fleurs fraîches dans les vases, font exactement comme si Fauvette et Etienne étaient toujours là. C'est presque écrit comme un conte, il y a une lampe qui prend beaucoup de place dans l'histoire, une lampe magique?.
Ce livre est une réflexion sur la mort, sur l'oubli de ceux qui sont partis, parce qu'à un moment du récit il y a la lassitude qui s'installe, certains ne veulent plus accomplir le rite.
La fin est bouleversante, elle ne peut pas ne pas nous toucher.

Les vieux couples sont toujours touchants si toute leur vie ils se sont aimés. Comment admettre de laisser l'autre seul si l'un des deux doit partir? Je crois que la solitude est plus dure à supporter pour un homme, les femmes arrivent toujours à surmonter sans pour autant oublier, l'autre est toujours présent, il manque toujours terriblement.
Lorsque j'ai été très malade, sauvée de justesse après une septicémie avant d'être opérée du cancer,  je ne pensais qu'à ça, ne pas laisser Christian seul, je m'accrochais. C'est sans doute ce qui a provoqué mes larmes hier, trop de souvenirs, mais comme chez nous la tristesse ne s'impose jamais j'ai dit "Finalement, tu te serais peut être très bien débrouillé, je me fais sans doute des illusions" et nous avons éclaté de rire avec un beau regard de tendresse. Christian a ajouté "Tiens, j'aurais peut être même perdu la carte bleue, elle ne me manquerait pas" Il a dit ça parce que pendant mon séjour à l'hosto, les débits de CB étaient presque inexistants, j'étais stupéfaite, il se nourrissait comment ? C'est bien de parler des petites choses sans importance de la vie, de rire, ça dédramatise tout et c'est ce que feront les amis lorsqu'ils fermeront les volets de "Ker Ael", ils voulaient retarder le deuil, ils l'ont fait pendant quelques mois. La vie continue.

C'est un très joli roman, un livre plein de tendresse. Il est en poche.
J'ai commencé celui de Gille Legardinier "Et soudain tout change" là je suis certaine de ne pas pleurer, ou pleurer de rire. J'avais beaucoup aimé "Demain j'arrête", beaucoup ri aussi;

  Bye MClaire.



jeudi 5 décembre 2013

Le journal intime d'un arbre -Didier Van Cauwelaert.



Après "Le quatrième mur" il fallait absolument que je lise quelque chose de plus léger, j'ai même eu du mal à me remettre à lire. En général je ferme un bouquin et j'en ouvre un autre aussitôt, là non, je devais digérer le livre puissant de Sorj Chalandon.

J'aime beaucoup Didier Van Cauwelaert, c'est un de mes auteurs chouchous. Ce livre était en poche, je l'ai acheté, certaine de ne pas être déçue. Je l'ai lu lentement comme on suce un bonbon, il faut le déguster. Je ne suis pas d'accord avec Léon qui écrit un blog et qui me disait que lire Didier Van Cauwelaert était une récréation, sans doute léger comme un soda. Léon est un homme et je suis une femme, c'est toute la différence.

La lecture de ce livre peut vous faire porter un autre regard sur la nature lorsque vous êtes citadins, ce n'est pas mon cas, j'ai toujours respecté les plantes, les arbres, il m'arrive même de parler à mes fleurs, de les caresser lorsque j'arrose l'été, je les flatte. J'ai eu beaucoup de peine le mois dernier lorsque en ouvrant les volets j'ai vu le prunier cassé, il fallait le tronçonner et il me manque, il n'est plus là. Il y a deux chênes devant la maison et même s'ils sont encombrants, je ne peux pas imaginer de ne plus les voir. Je rouspète en automne lorsque leurs feuilles volent partout et pendant longtemps, les chênes sont en feuilles très tard dans la saison, j'entends le bruit des glands qui éclatent lorsque Christian passe la tondeuse, mais ils nourrissent les écureuils et les lapins. Un été les chenilles processionnaires les avaient attaqués, des gros nids, on peut imaginer qu'il souffraient d'urticaire comme nous, mais je ne les ai pas vus se tortiller sous l'effet des brûlures, nous avons vite fait ce qu'il fallait.

L'auteur a imaginé la vie d'un poirier tri-centenaire appelé Tristan, c'est donc Tristan qui raconte son histoire. Une histoire d'amour entre un vieux médecin qui le bichonne, lui parle, lui raconte ses chagrins, ses joies comme l'ont fait les autres propriétaires de la maison avant le docteur Lannes. Tristan a vu des amoureux s'étreindre sous ses branches, une sorcière brûlée avec son bois, des religieux pendus à ses branches sous la révolution, le fils du docteur Lannes sera abattu par les les allemands contre son tronc,  une petite fille qui a vécu l'inceste murée dans son silence viendra lui rendre visite la nuit, sculptera son écorce avant de devenir une artiste reconnue qui se fera appeler Tristane. 
Il résistera à la grande tempête du siècle mais chutera sous l'effet d'un simple coup de vent, laissant sa voisine Isolde qui est aussi un poirier, seule. Ceci juste au moment ou Yannis Karras allait le faire classer, un très beau jeune homme qui est en train de reconstituer toute l'histoire de Tristan.
Isolde sert à supporter l'antenne de la télé. Le docteur Lannes ne pouvait pas capter la télé
"Ce système qui remplace chez les humains la transmission de pensée."

Que deviendra Tristan lorsqu'il sera tronçonné? Continuera t-il à vivre? Tristane-Manon sculptera dans une de ses bûches une statuette qui lui permettra de voir encore l'humanité. Il est fatigué mais il a encore envie de ce contact avec les hommes, il aime les hommes qui se sont ressourcés en serrant son tronc, il donnait de l'énergie. Cet arbre n'est qu'amour, il veut que tous les gens qu'il connaît soient heureux.

"Le déstockage humain qui aura marqué la fin du XXIè siècle, en lieu et place du réchauffement climatique et de l’hiver nucléaire que prédisaient vos experts, n’est pas le Jugement dernier, mais c’est votre chance ultime. Car beaucoup d’entre vous, du coup, développent des gènes résistants à la dépression suicidaire. Ceux qui savent que le but de la présence sur terre, pour toutes les formes de vie, est l’accroissement de la connaissance à travers l’empathie, et que cette fonction ne peut s’accomplir dans la haine, l’aveuglement égoïste ou le désespoir.
Contre toute attente, la sélection naturelle qui est en train de s’opérer au sein de votre espèce est donc celle de l’amour, de l’intelligence et de la joie de vivre. »

J'ai tout aimé dans ce livre, la fin nous fait prendre conscience, si ce n'est déjà fait, que l'humanité ne peut pas vivre sans la nature, sans le pollen des fleurs et si la nature se rebiffait contre les hommes qui la détruisent? Il y a des petites anecdotes sur le fonctionnement de la nature qui sont vraiment intéressantes. Les arbres libèrent des hormones.
Ce bouquin est plein de poésie, d'amour, de philosophie, il y a certes quelques petits passages un peu moins intéressants mais quand même nous apprenons. En le refermant je pensais que si nous pouvions vivre tous en harmonie nous pourrions être heureux, Tristan donne une leçon de vie.

"Les arbres souffrent, et leurs maux ne sont pas toujours physiques. Il y a, chez eux, plus de souffrance morale que nous ne le soupçonnons, et ce sont les hommes, presque toujours, qui les contaminent, qui leur communiquent leur douleur. Car les hommes, si égoïstes dans leur joie, ont besoin de faire participer la nature toute entière aux malaises de leur coeur et de leur esprit."
"J'ai vu des arbres empoisonnés par des hommes qui vivaient dans leur voisinage. Ils dépérissaient lentement, comme si leur substance vitale s'épuisait."

François Mitterrand plantait inlassablement des arbres dans sa propriété de Latche, il adorait les chênes, Giono aimait les arbres.
Une peinture de Mondrian :


C'est un petit livre 184 pages. Tristan a été le passage entre les deux livres de Chalandon, je vais commencer "La promesse."

Bye MClaire.