dimanche 27 avril 2014

"C'est le métier qui rentre" Sylvie Testud


J'écris ma gazette et j'écoute Dominique Besnehard qui fut directeur de casting devenu producteur. Il connait bien le milieu du cinéma, Sylvie Testud a fait du cinéma le sujet principal de son roman, pas tout à fait un roman, nous sentons l'autobiographie.
Son héroïne s'appelle Sybille, actrice célèbre, elle a écrit un scénario et veut mettre en scène son film.
Pour tourner un film il faut trouver des producteurs qui eux mêmes se mettent à la recherche des fonds auprès des banques, des chaînes de télé, de mécènes et c'est là que tout se corse, l'argent étant le nerf de la guerre, peu importe la valeur du scénario, il faut que ça colle au moment, à la mode. Les ennuis commencent pour Sybille lorsqu'elle se rend à un rendez-vous avec une boite de prod tenue par un frère et une soeur, les Ceauçescou appelés aussi les Thénardier.
Son scénario leur plaît mais il faut tout changer, les trois infirmières se transforment en prostituées, il faut arriver à convaincre les trois actrices approchées pour tourner le film, nous devinons l'échec qui s'annonce et pourtant Sybille s'accroche, elle met en danger sa vie familiale, ses relations avec un compagnon adorable, deux enfants qui ont besoin de sa présence, pour aller au bout de son rêve qui se transformera vite en cauchemar.

Pour aimer ce livre il faut aimer le cinéma, sinon aucun intérêt. J'aime le cinéma, j'ai aimé le livre sans l'adorer, il ne restera pas l'oeuvre de l'année, juste un bon moment. Je l'ai lu en voiture en revenant de Paris.
Il y a beaucoup d'humour, le style de l'écriture est minimaliste mais ça fonctionne.
Sylvie Testud connaît bien le milieu du cinéma, elle en profite pour régler ses comptes tout en nuances, on devine qu'elle s'est beaucoup inspirée des personnes qui font la pluie et le beau temps dans ce milieu, tyranniques, capricieux, pingres. Elle décrit bien les névroses des actrices.
Nous spectateurs d'un film achevé pénétrons dans les coulisses du cinéma, ce n'est pas que du rêve avant d'arriver sur les écrans. L'argent domine, l'art passe après, la décision appartient aux financiers qui ne sont pas toujours les bons arbitres, de nombreux navets envahissent les écrans.
J'ai eu un peu de mal à comprendre Sybille qui accepte toutes les humiliations pour que son film se fasse. Je serais partie bien avant qu'on m'éjecte, l'équipe du film aussi est licenciée d'une manière grossière, mais je ne suis pas Sybille, je n'ai pas de scénario à proposer et je n'ai pas l'envie tenace de monter un film. J'aurais aimé qu'elle aille jusqu'au bout de sa rage, mais c'est une actrice qui a besoin de tourner, elle ne pouvait pas se griller dans ce milieu où la concurrence est rude, combien de candidats à la gloire? Combien d'élus?

Lisez si vous voulez et surtout si vous aimez le cinéma. Le livre vient de paraître, il n'est pas édité en livre de poche pour l'instant.






Justine Lévy est la fille de Bernard-Henri Lévy et d'un mannequin célèbre dans les années 70.
Ce roman a été publié en 1995. Je n'ai jamais rien lu d'elle, ni de son papa...

Je ne connaissais que le côté people de sa personne, elle était mariée avec Raphël Enthoven le philosophe devenu plus tard le compagnon de Carla Bruni qui à cette époque vivait avec le père de Raphaël, vous suivez? A la suite de la trahison elle a écrit un livre où elle n'épargnait pas sa rivale, un extrait :
""je trouvais qu'elle faisait trop la coquette, elle était avec son père mais je l'avais vue, à la plage, au café, à table, faire l'intéressante et l'innocente, minauder, draguer tous les hommes du paysage, oh comme vous êtes passionnant, ah comme vous êtes séduisant, je la trouvais belle et dangereuse avec ce visage immobile, comme sculpté dans la cire, quand elle souriait elle avait une sorte de déplacement des os qui découvraient ses dents, toutes pareilles, taillées pareilles, je la trouvais belle et bionique, avec un regard de tueuse." 
Carla a son compte.

Dans "Le rendez-vous" Justine s'appelle Louise, c'est complètement autobiographique, on devine très bien qui sont les personnages.
Louise attend sa mère dans un bar, un rendez-vous a été fixé mais Alice sa maman n'arrive pas, cette femme fantasque l'a élevée jusqu'à l'âge de huit ans, une enfance chahutée, une cohabitation difficile avec une mère qui ne détient aucun des codes d'une vraie maman. Louise a vu sa mère couchée nue par terre, shootée, en overdose, elle l'a vue se caresser avec une autre femme dans la baignoire de leur salle de bains, en déplacement à Rennes elle l'avait oubliée au square, l'avait laissée à la garde d'une autre enfant.
Louise mûrit trop vite, à huit ans elle décide de retourner vivre avec son père, dans la douceur d'un foyer beaucoup plus rassurant. Bernard-Henri Levy m'a paru beaucoup plus sympathique.

Un extrait qui résume tout le livre
 :
"Maman n'a jamais été si en retard. Et je commence à me demander si elle finira jamais par venir. Me serais-je trompée de rendez-vous ? Non, puisqu'elle a fait appeler. D'heure ? Elle a dit qu'elle arrivait. Aurait-elle un problème ? Une bêtise qui la retiendrait ? Ca oui, c'est bien son genre."

J'ai refermé le livre un peu triste pour cette enfant, comment a t-elle pu se reconstruire? C'est comme au cinéma, les coulisses de ce milieu mondain sont quelquefois des cauchemars, des briseurs de l'enfance.

Il faudrait que je lise "Mauvaise fille" là où décrit la fin de sa mère qui mourra d'un cancer, soignée par un  mandarin qui en a pris plein la "gueule", il semble que ce soit son meilleur roman, un film tiré de ce livre existe.

Bye MClaire..

...




samedi 19 avril 2014



J'ai lu deux livres depuis "Muchachas", je vais commencer par vous entretenir de celui écrit par Jean-Christophe Rufin "Le collier rouge", j'ai beaucoup aimé.
C'est un petit livre, 150 pages, mais peu importe l'importance du volume, un petit livre peut être plus émouvant qu'un pavé si les situations, les sentiments sont bien décrits et qu'il nous touche profondément.
Jean-Christophe Rufin a dix vies, médecin, médecin humanitaire, diplomate, écrivain etc..
Il a choisi d'écrire des romans et il a eu raison. J'ai lu trois ou quatre livres de lui et j'ai toujours aimé ses romans, j'apprécie son style précis, quelquefois poétique, il sait nous entraîner dans cette histoire à trois personnages : Un chien, un prisonnier, un juge militaire, plus tard entrera en scène une femme et un enfant.
Le chien est le personnage principal, cet animal aboie sans cesse devant la prison, il attend son maître qui est emprisonné et qui va être interrogé par un juge militaire. Un face à face entre un homme qui vient de faire la guerre de 1914-1918 avec son chien et un militaire qui a une haute idée de la patrie mais qui veut quitter cette carrière, il est usé, il cherche à comprendre l'acte qui a amené Morlac, un paysan berrichon derrière les barreaux. 
Cet été de 1919 est caniculaire dans le Berry, ce qui donne une certaine tension aux événements.
Morlac ce paysan un peu rustre est une énigme, il lit Victor Hugo en prison et là nous commençons doucement à comprendre que la lecture peut changer un destin, il a lu Proudhon, Marx, Kropotkine.
Je connais Marx mais pas Proudhon qui est un journaliste, polémiste. Kropotkine est un théoricien du communisme libertaire (wikipédia). Jacques Morlac a de l'avance sur moi et il gardera cette avance, cela m'étonnerait que je me plonge dans leurs livres. Fermons la parenthèse.
L'énigme de l'emprisonnement est toujours présente à plus de la moitié du livre, elle se dévoilera un peu plus à chaque visite du juge militaire, lentement se met en place l'arrivée du quatrième personnage : la femme, Valentine, la maman du fils de Jacques Morlac.
Le chien est émouvant, il tient toute la place dans ce livre, mais il ne tient pas toute la place dans le coeur de Morlac.
Je ne vais pas continuer à vous raconter le bouquin, il faut tout découvrir en le lisant.

Pourquoi j'ai aimé ce livre :

Il nous décrit la terrible guerre de 14-18, nous fait comprendre à quel degré d'horreur les combattants se transforment en êtres dénués de sentiments, toute la cruauté de cette guerre tient dans le récit de J.Morlac.
Le père de ma mère a fait la guerre de 14, il avait 17 ans lorsqu'il est parti, il a été blessé aux Dardanelles, je ne sais pas grand chose de lui, des histoires familiales un peu compliquées ont fait qu'il est resté pour nous un inconnu. Il a été un des derniers poilus, à travers ce roman j'ai essayé de comprendre son attitude à son retour, les hommes revenaient brisés, silencieux ou violents.
J'ai aussi aimé Valentine qui a fait découvrir la lecture à J.Morlac. Tout un mur de sa modeste maison est tapissé de bouquins difficiles à lire, ce n'est pas de la littérature sentimentale.
J.Christophe Rufin est berrichon, j'ai habité le Berry pendant 20 ans et il décrit cette région d'une façon précise et juste. Le Berry est profondément paysan.
J'ai aimé ce sentiment de fidélité, c'est un livre sur la fidélité et sur la fraternité.

Ce livre est inspiré d'une histoire vraie, celle du grand-père d'un grand photographe Benoït Gysembergh, disparu depuis, une histoire "constituait de ces petits cristaux de vie rares".

Je vous le conseille vivement. J'ai envie d'ajouter quelque chose, je suis désolée lorsque j'entends des retraités prononcer cette parole "Je n'ai pas le temps, pas le temps de lire" Ce n'est qu'une excuse, une mauvaise excuse, vous pouvez toujours lire une vingtaine de pages par jour et vous verrez le goût de lire s'installera. Vous consacrez combien de temps à la télévision qui distille des programmes souvent insipides?
Je donne certainement un coup d'épée dans l'eau, si vous lisez cette gazette c'est que vous avez déjà le goût de lire, ce n'est donc pas vous que je dois convaincre.





Mon deuxième bouquin "L'exception" de Audur Ava Olafsdottir.

Ce nom ne vous dit sans doute rien, trop difficile à prononcer, c'est aussi l'auteure de "Rosa Candida" un beau roman lu il y a déjà quelques années, c'était l'histoire d'un jeune homme qui partait d'Islande pour l'Italie avec une bouture de rose.

Celui-ci décrit l'histoire d'un couple qui se sépare, l'homme fait son "coming out" il est homosexuel, a essayé d'aimer une femme, ils ont eu des jumeaux, mais il est tombé amoureux d'un collègue de travail qui porte le même prénom que lui. La révélation se fait à l'aube d'une nouvelle année par une nuit  polaire. Maria l'épouse ne se doutait de rien, la terre s'ouvre sous ses pieds. Elle ne se doutait pas que la dernière nuit passée avec lui allait être vraiment la dernière de sa vie conjugale
"Viens dit-il tu vas prendre froid'.
-Je ne savais pas que c'était la dernière fois.
-Quelle dernière fois?
- Que nous avons couché ensemble. Je ne savais pas qu'hier serait notre dernière nuit. J'aurais aimé le savoir que c'était la dernière fois.

J'ai eu envie de l'étrangler lorsqu'il lui répond  :
-Tu voulais avoir des enfants.
-Oui, dit-il. Pour mourir sans regret, j'avais envie d'être père.

Et elle alors qui devra tout assumer, parce qu'évidemment les enfants restent avec leur mère.
Les hommes sont souvent égoïstes, ils demandent pardon, claquent la porte, ils partent. Lui part rejoindre Floki qui l'attend dans sa voiture devant la maison.

Ce livre est une très bonne étude de moeurs, pas triste du tout, un peu mélancolique, mais il y a de l'humour lorsque intervient la voisine psy, écrivaine, nègre pour un auteur de romans policiers, elle est naine surdouée mais assume.
Evidemment tout ne se fait pas dans la joie, Maria passe par de profonds moments de chagrin, elle ne comprend pas, veut savoir, tout savoir jusqu'à se faire du mal.
Viendra le moment où elle acceptera. Maria est une rêveuse, il y avait pourtant plein de signes qui auraient pu la faire douter de la fidélité de son mari, mais elle ne voyait rien.

L'histoire se déroule en Islande, pays un peu mystérieux pour nous, l'hiver qui ne finit pas, une nature sauvage, j'aimerais bien aller en Islande. J'ai aimé la douceur de ce livre, aucune violence à l'annonce de 'l'homme qui sort du placard" comme ils disent. La fin est pleine de promesse avec l'arrivée de cette petite fille adoptée que Maria élèvera seule, sans homme mais sait-on jamais, elle est jeune et le petit voisin la lorgne...Lui ou un autre.
Autre chose, l'auteure parle beaucoup de nourriture dans ce livre, ce qui me fait dire que si un jour le voyage en Islande se faisait je partirai avec une valise pleine de boites de conserves bien de chez nous !!

J'ai lu ce livre d'une traite, bien installée dans mon relax au soleil, je n'ai pas vu passer le temps.

Bye MClaire.











lundi 14 avril 2014

MUCHACHAS de Katherine Pancol.



C'est fait, me voilà de nouveau entraînée dans la trilogie écrite par K.Pancol. J'ai fini "Muchachas", je vais acheter "Muchachos". 
C'est Michèle qui a acheté le premier, je vais acheter le second, mais il y en a un troisième qui sortira en juin, nous verrons qui sera la plus rapide.

On peut dire ce que l'on veut du style Pancol mais ça se lit vite et avec plaisir. C'est certain, vous ne lirez jamais "Muchachas" écrit par Proust ou par J.M Le Clézio, il en reste pas moins qu'elle vend des livres, six millions de bouquins vendus de la trilogie précédente, j'ai lu les trois avec avidité, surtout les deux premiers, le troisième était un peu lassant, je pensais qu'elle devrait arrêter. Elle s'est mise au repos pendant quelques années et elle revient avec ce "Muchachas" qui est déjà en tête des ventes.

Nous retrouvons quelques personnages, Joséphine, Gary, Hortense, Philippe, viennent se greffer Stella, Ray, Léonie etc...Deux mondes bien différents, nous passons du monde de la mode à New-York au monde de la ferraille en Bourgogne.
Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser que ce livre est rempli de clichés, mais c'est si bien mené, nous tournons les pages avec l'envie de connaître la suite. Que va devenir Léonie, cette pauvre femme battue? Que va devenir Stella, cette fille qui s'habille comme un garçon, mesure 1m80 et fait peur aux hommes lâches? Que va devenir Adrian, l'amoureux de Stella, fugitif, sans papiers, papa du petit Tom?
Est-ce que Stella finira par trouver un sens à sa vie, à desserrer le noeud qui torture son ventre, est-ce que ses interrogations auront une réponse et finira t-elle par avancer dans sa vie?

Katherine Pancol aborde le sujet des femmes battues, un sujet très lourd, la violence conjugale commise entre les quatre murs d'une maison, bien à l'abri des regards,  comment soupçonner celui qui à l'extérieur est si affable, beau parleur, courageux, et même si les autres savent ils se taisent par peur des représailles, peur de témoigner devant la justice, pas de problèmes surtout pas. Un nez cassé, c'est une chute dans l'escalier, des bleus bien cachés sous les manches longues, des brûlures de cigarettes sur les fesses, là où tout est invisible.
Très souvent, les femmes commencent à se plaindre ou partent lorsque l'homme s'attaque aux enfants.
J'ai eu comme voisine en Bretagne sur la presqu'île une vieille dame qui me racontait son supplice. Elle habitait l'été une petite maison faite de bric et de broc, l'été ça allait, l'hiver c'était inhabitable. Elle avait pourtant commencé sa vie conjugale et son calvaire dans cette maison qui ressemblait plus à un poulailler qu'à une habitation. Le soir des ses noces en hiver, il gelait, son mari était ivre et il l'avait laissée dehors toute la nuit dans sa robe de mariée, les coups pleuvaient et il lui avait fait 8 enfants. Un jour, il s'était attaqué aux enfants, elle avait fait ses bagages, pris ses enfants sous le bras, était partie s'installer à Vannes;, elle avait fait des durs travaux, femme de ménage, loin de la violence conjugale. Courageuse jusqu'au bout. Elle me faisait rire quelquefois en me disant "Il est mort en sortant du bistro, il a glissé, seule consolation, j'ai un bout de sa retraite".
Nous avons souvent du mal à comprendre la raison qui empêche les femmes de partir, la peur sans doute, peur de se retrouver à la rue, la honte aussi. Il n'y a pas que chez les pauvres que cela se produit, chez les classes aisées aussi là où règne le non-dit, bien plus qu'ailleurs.

Dans le bouquin de Pancol la violence se mélange à l'inceste, c'est souvent le cas dans la vraie vie.

A vous de décider pour la lecture de ce livre. C'est un bouquin pour l'été et à cette saison vous pourrez lire les trois dans la foulée puisqu'ils seront tous publiés. Il faut le dire, la fin de "Muchachas" reste sur une interrogation, c'est adroit, l'éditeur a tout prévu, je vais vite acheter "Muchachos" il vient de paraître. Que va devenir Stella, cette fille si courageuse pleine de charisme??? 
Je me répète mais les grands écrivains qui savent écrire sur la vraie vie peuvent se poser la question "Mais pourquoi est-ce que je ne vends pas 6 millions de livres?" Tout simplement parce qu'ils n'écrivent pas comme K.Pancol, une écriture simple qui se lit bien et une histoire bien ficelée. Il faut ce genre de littérature agréable pour amener les gens à lire, commencer par Pancol, lire Proust plus tard, je peux en parler, je n'ai jamais lu Proust, mais ça viendra, ça viendra.....J'ai beaucoup lu entre Pancol et Proust, le chemin est long pour arriver à Marcel.

Si vous aimez Katherine Pancol, elle écrit un blog sur internet, j'ai suivi toutes les étapes de l'écriture de ces bouquins, son chagrin lorsqu'elle avait perdu son chien Chaussette, une femme attachante.

Bye MClaire.





lundi 7 avril 2014

"La vie en mieux" Anna Gavalda et "Complètement cramé" Gilles Legardinier.


Je vais vous donner mon avis sur deux bouquins cette semaine, deux livres lus avec énormément de plaisir mais complètement différents en apparence, parce que dans le fond tous les deux parlent de la souffrance de vivre à un moment de son existence.



J'attendais que le roman de Gilles Legardinier sorte en poche, c'est fait. J'avais lu les deux précédents "Demain j'arrête" et "Soudain tout change" avec intérêt, des livres jubilatoires.

L'histoire, un anglais Andrew qui a largement dépassé la soixantaine, vit une existence qui ne lui convient plus. Patron d'une entreprise qui fabrique des boîtes de conserves, veuf, déprimé, il décide un jour de tout plaquer en confiant les rénes de l'entreprise à sa secrétaire, son ami de toujours lui a trouvé une place de majordome dans la région de naissance de sa femme, au domaine de Beauviller, pour seulement quelques mois, histoire de mener une autre vie et de retrouver la langue maternelle, les coutumes de Diane, l'amour de sa vie disparu. Andrew a une fille qu'il voit très peu, elle vit à Los Angelès et un fossé s'est creusé entre eux, la communication est difficile, il ne sait pas lui parler parce qu'il ne s'est pas vraiment occupé d'elle petite, manque de temps et Diane sa femme s'en occupait si bien.

Il voulait être dépaysé, il le sera.

Pas de liaison avec le téléphone portable, un domaine qui est tenu par une femme qui se fait escroquer, tout près de la ruine, une cuisinière un peu foldingue folle de son chat, Manon qui veut être instit et qui se découvre enceinte de son amoureux qui la quitte, effrayé par cette responsabilité, le régisseur du domaine Philippe qui deviendra l'ami d'Andrew...
Andrew aura fort à faire pour remettre de l'ordre dans cette maison, nous vivrons avec lui des situations vraiment cocasses.
"Complètement cramé" veut dire en français "Complètement zinzin" Andrew apprendra.

Evidemment ce roman dégouline de bons sentiments mais j'ai beaucoup ri, c'est souvent hilarant. Il y a de l'humour anglais. Il y a aussi des passages qui nous font vivre l'extrême solitude des personnages, comme dans la vie, C'est vrai, nous pouvons prévoir ce qui arrivera, il n'y a pas trop de suspens, mais ce n'est pas grave. Ce bouquin se lit presque d'une traite, on ne s'ennuie jamais. 
Je ne peux que vous le recommander si vous êtes décidés à rentrer dans une histoire un peu loufoque mais tellement belle parce que tout finit bien et nous avons besoin de lire de temps en temps des livres légers, optimistes et bien écrits.


J'aime beaucoup Anna Gavalda, elle sait nous entraîner dans son univers au point que le livre ne nous quitte pas, je l'ai lu en quelques heures.

Je l'avais découverte avec "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part" un petit livre publié en 1999, pas épais mais dense en sentiments. Si vous ne l'avez jamais lu, allez-y, il doit bien être encore dans les rayons des librairies.

Dans celui-ci elle écrit deux destins, deux histoires différentes, je pensais que je n'aimerais pas trop, une idée complètement fausse, j'ai aimé dès les premières pages. Michèle l'avait acheté avant moi, elle a mis trois croix sur cinq sur la première page du livre, moi j'ai envie d'en mettre quatre sur cinq.

Je vous préviens la première histoire est un peu "trash" c'est bien comme ça qu'on dit?

Il s'agit de l'histoire de Mathilde 24 ans, dans la deuxième histoire c'est la vie de Yann 27 ans qui est décrite.

Mathilde est une jeune fille paumée, elle a perdu sa mère morte d'un cancer lorsqu'elle était ado, ne pardonne pas à son père ses infidélités pendant la maladie de sa mère, a coupé tous contacts avec lui. Elle vit à Paris, travaille pour son beau-frère, un boulot qui a un lien avec internet. Comme tous les jeunes elle vit rapidement, se gave d'émotions grâce aux réseaux sociaux, boit beaucoup et à oublié tous ses rêves en chemin. Elle vit en coloc avec deux soeurs qui sont tout son contraire, structurées, jusqu'au jour où le hasard ou le destin mettra sur son chemin un jeune homme à l'allure un peu plouk, un brin trop enrobé, qui porte des chaussettes de tennis avec les talons au point mousse, qui a un doigt coupé, son métier : cuisinier.
"Tu sais...je suis cuisinier et je voudrais te faire à manger." Quel est le plus beau acte d'amour, nourrir l'autre, je continue à le penser même si je n'ai plus que Christian à nourrir, et si vous saviez ce que c'est compliqué, il faut beaucoup aimer!.

Mathilde claquera la porte pour partir à la recherche de cet homme qui lui fait battre le coeur malgré toutes les différences. Elle ne retrouve pas son numéro de téléphone, la chasse sera épuisante.
Elle est très jolie l'histoire de Mathilde, mais celle de Yann est encore plus intéressante.

Yann, un breton de St-Brieuc, habite à Paris, bardé de diplômes il trouve un emploi qui ne lui ne convient pas mais il faut bien gagner sa vie. Il vit avec Mélanie, une fille issue d'une famille cultivée, bien élevée, un peu méprisante envers celle de Yann.
Yann n'est pas bien dans sa vie, il traîne une certaine mélancolie, jusqu'au jour où il devra aider les voisins du dessus à monter un meuble en formica, vintage le formica à notre époque.
Isaac qui est antiquaire, il lui fera découvrir la vie, la vraie en buvant du vin rouge. Isaac est un vrai personnage, truculent, un peu devin, petit gros, marié à une danseuse beaucoup plus grande que lui, mais ils sont fous amoureux, ils rient tout le temps, le rire est le ciment d'un couple. Yann en les observant prendra conscience qu'il vit une vie qui ne lui ressemble pas.

J'ai aimé Yann pour plein de raisons, moi non plus je n'aime pas les smileys, les émoticônes que les internautes mettent au bout de leur message, on peut écrire à l'autre "Je suis triste pour toi" ou "Tu m'as fait rire", ça me toucherait davantage. Là, tous les sourires ou les larmes sont les mêmes, un truc jaune qui envoie des messages impersonnels. Je ne mets jamais d'émoticônes au bout de mes messages.
C'est vrai aussi, dans les textos, il n'y a plus d'apostrophes, plus personne ne se donne la peine de mettre de la ponctuation.

J'ai aimé ce passage "Un jeune homme du début du XXIe siècle, né dans un pays riche et qui a tout eu : les baisers, les câlins, les goûters d'anniversaire, les manettes de jeux, la familiarité des médiathèques, les pièces de la petite souris...les hamsters....les voyages en Angleterre etc..." Oui, ces jeunes qui oublient souvent qu'une grande partie du monde souffre de la faim et qui découvrent un jour que la planète souffre, que les glaciers fondent, que les forêts disparaissent dans l'huile de palme, que les animaux meurent et que tout ça est à cause d'eux. Comment être bien dans sa peau après cette découverte?

J'ai adoré son texte de rupture avec Mélanie, enregistré sur une vielle bande retrouvée. Sa déclaration d'amour à ses parents qui sont des gens simples, sa mère aime les bibelots, les fleurs séchées, les napperons et le camping-car au fond du jardin, mais qu'importe puisqu'elle déborde d'amour envers les autres et il n'aime pas la façon dont Mélanie se comporte avec ses parents, il ne les sacrifiera pas pour elle, il ne peut pas supporter l'humiliation faite à ses parents. Il tacle souvent Mélanie dans ce message, que des vérités, il est courageux Yann dans cette rupture, jusqu'au point de lui dire qu'il a horreur qu'elle coupe un morceau de son gâteau à lui pour le goûter, elle surveille sa ligne n'achète rien pour  elle mange un morceau du sien, là j'ai ri, c'est marrant. C'est vrai, il y a des détails qui peuvent tuer l'amour.
Lui comme moi aimons rester assis lorsque le film que nous sommes allés voir est terminé, je regarde le générique jusqu'à la fin, pour ne pas rompre la magie trop vite, comment supporter après un film émouvant que quelqu'un vous dise "J'ai faim, on mange quoi ce soir?" J'ai de la chance, Christian reste aussi assis jusqu'à la fin.
J'aurais bien aimé avoir un quatrième enfant qui ressemble à Yann tellement ce personnage est attachant, bon et il ose. C'est un personnage de roman, la vie, la vraie permet moins l'improvisation, il faut beaucoup de courage pour oser.

Anna Galvada a écrit un roman dans l'air du temps, elle m'a séduite, elle vous séduira peut être aussi si vous le lisez.

Bye MClaire.









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