jeudi 24 décembre 2015



J'avais laissé tomber "L'orage" de Clara Arnaud, cinquante pages lues et non, je ne pouvais pas aller plus loin, je m'ennuyais. J'ai saisi sur la pile à lire "La saison des Bijoux", je l'ai commencé sans emballement, j'ai lu quelques pages, je l'ai reposé, je n'arrivais pas à entrer dedans. 
Il y a des jours où nous ne sommes pas prêts et le lendemain tout roule, j'ai repris le bouquin et je l'ai fini.
Je n'ai rien lu de cet auteur qui habite le Médoc, il est pourtant connu mais on ne peut pas tout lire, il faudrait 10 vies. Je ne suis pas insomniaque, je ne lis pas la nuit, je me réserve des moments dans la journée, des vraies plages de lecture, des moments entre deux occupations, en général je lis deux livres pas semaine, un seul si c'est un pavé. Je lis consciencieusement, sans sauter de pages, il peut y avoir une pépite dans les quelques lignes sautées, je lis, il m'arrive de relire lorsque le passage me touche vraiment..

L'histoire de "La saison des Bijoux."

Le sujet de ce roman est rarement abordé dans les livres, les marchés en été, le monde des forains, les intrigues, les trafics, les amitiés, les inimitiés, les jalousies.

En Avril, au moment où le pollen des pins envahit les allées (nous connaissons dans le Morbihan) Bruno, Jeanne et leur fils Alexis débarquent sur le marché de Carri dans les Landes, un marché en bord de mer, tout au long des dunes, qui draine beaucoup de monde en été. Ils fabriquent des bijoux et ont demandé une place à la maire qui leur a été accordée. 
Il y a le placier qui est soumis à un homme qui domine tout et qui tient un bar, Forgeaud, il rackette et s'est constitué une véritable fortune tout au long des étés. C'est le boss, un despote.
En voyant Jeanne arriver, il tombe sous le charme de cette femme magnifique et décide qu'il l'aura avant la fin de l'été.
Rien ne doit lui résister, c'est sans compter sur le mari Bruno.
Tout au long de l'été va régner dans cette station une atmosphère de western, chacun règle ses comptes. Tout obéit à des règles strictes, malheur à celui qui enfreint la "loi". On flirte avec l'illégalité jusqu'aux portes de la mairie.

J'ai aimé les surnoms des uns et des autres, bien que quelquefois il m'arrivait de me perdre dans ces surnoms, la gouaille de certains, je vois très bien Gérard Lanvin jouer un rôle si un film était tiré de ce livre. 
J'ai beaucoup aimé le personnage de Jeanne, insoumise, qui cache un lourd passé, seul Bruno son mari sait, Jeanne s'est prostituée alors que rien ne la destinait à ça, elle a connu des centaines d'hommes, elle voulait être actrice. Bruno son ami d'enfance l'a sauvée de son mac. Des belles pages. Mais un jour... je ne raconte pas...
J'ai aimé la description de cette région le temps d'un été, le soleil qui brunit les peaux, la description des couchers de soleil, les teintes, l'air parfumé qui circule.

« C’était à Carri l’heure où les tempéraments s’alanguissaient. Le sable de l’arène humaine désertait la grand-rue, franchissait des tamis successifs, la douche, l’apéro, les charmes de la villa ou du camping, avant de verser ses grains les plus colorés, les plus aurifères, dans la rue des restaurants. »

"Le soleil éclaboussait en revanche le champ attenant, la prairie fleurie où le vent, par instants, en redressant les touffes de molinie et la folle avoine, faisait clignoter les couleurs.."

Je ne peux pas dire que ce livre restera un souvenir inoubliable mais il m'a fait passer un bon moment de lecture et c'est déjà beaucoup.  Bye MClaire.



lundi 14 décembre 2015



J'ai lu deux livres cette semaine, c'était possible, ils ne sont pas très épais.
Commençons par celui de F.Lenoir. 
"Existe-t-il une expérience plus désirable que celle de la joie?"
Tout au long de ce livre l'auteur veut nous initier à la joie qui est d'après lui et les philosophes cités tout au long du livre, plus concrète que le bonheur.
La joie de vivre, la joie ressentie intérieurement, la joie contemplative. Etre attentif à ce qui passe autour de nous. Renoncer au désir d'envie, la jalousie, l'orgueil, la cupidité, négliger l'EGO, ce sentiment qui peut pourrir la vie.
Un livre assez ardu qui ne peut pas se lire comme un roman, je lisais quelques pages, j'arrêtais, de nombreuses références à Spinoza, à Nietzsche et d'autres philosophes.
Se déposséder de ce qui nous encombre, reconnaître ce qui est bon ou mauvais pour nous, c'est dans l'air du temps.
L'essayiste Pierre Rahbi qui est devenu paysan en Ardèche, fondateur du mouvement "Colibri" est très courtisé par les médias en ce moment, il promeut la simplicité, la vie simple pour être heureux, il a sans aucun doute raison.
Pourquoi ne pas construire un nouveau projet de société?

Voilà, le livre de F.Lenoir n'est pas un roman, il peut se lire et se relire, c'est le livre d'un philosophe qui a trouvé la JOIE après différentes expériences, il semble heureux
"C'est cette sagesse de la joie, inspirée de Spinoza, comme des Evangiles, en laquelle je crois, vers laquelle je tends, que j'essaye, avec toutes mes faiblesses et mes fragilités, de vivre un peu mieux chaque jour et de transmettre avec bonheur."
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Je l'ai ouvert et je ne l'ai plus quitté, 134 pages lues en un peu plus d'une heure. 
Ce livre est un petit bijou, le genre de roman qui nous rend "toute chose", une tranquillité nous envahit en le lisant, l'envie de connaître le Japon, surtout Kyoto et ses environs, une écriture ciselée, chaque mot est à sa place, tous nos sens sont en éveil, c'est assez rare de ressentir cela dès les premières pages en lisant un roman
.
"Chaque jour de l'aube au crépuscule, Maître Kuro pratique l'art subtil de la calligraphie. 
Pendant de longues heures, dans un recueillement proche de la plénitude, il reste agenouillé devant un rouleau de papier de riz et le recouvre d'encre noire.."

Nous sommes transportés dans un Japon traditionnel, les journées s'écoulent entre la calligraphie et la méditation. Maître Kuro vit solitaire entouré des figurines qui représentent les sept dieux du bonheur : Ebisu, Daikokuten, Bishamonten, Hotei, Jujorin, Fukurokuju, la septième est une femme Benzaiten déesse des arts, sa préférée.
Mais l'équilibre de sa vie va être bouleversé à l'arrivée d'une enveloppe.
Yuna fera irruption dans sa vie,elle est belle et pratique la calligraphie mais elle veut améliorer son art auprès de Maître Kuro.

Ce roman est d'une subtilité incroyable, tout est suggéré, j'ai envie d'écrire qu'il est éblouissant de beauté, vraiment. Zen, le titre est bien choisi, un sentiment de quiétude en le refermant.

J'ai un avoir à la FNAC, j'irai voir dans les rayons si "Neige" du même auteur est disponible.

Bye MClaire.






dimanche 6 décembre 2015


Gérard Mordillat, un nom qui n'est pas inconnu, écrivain, journaliste, cinéaste. Je viens de découvrir ou de redécouvrir son univers en lisant son dernier livre "La Brigade du rire", j'avais un peu oublié le film "Vive la Sociale" tourné dans les années 1980.

Un bouquin de 516 pages, à lire sans modération, j'ai beaucoup aimé, un livre cocasse, généreux, fantaisiste, souvent émouvant, lucide sur notre société qui se délite et qui abandonne tous les idéaux de la gauche, la déshumanisation du travail, les idéaux de G.Mordillat sont toujours là, père serrurier à la SNCF, mère professeur d'anglais, enfant élevé au son de l'Internationale.
L'auteur est toujours aussi engagé, mais que vous soyez de droite ou de gauche ce livre ne peut que vous intéresser. Il est réjouissant.

L'auteur a une immense culture cinématographique, littéraire, en le lisant j'ai réalisé que j'avais encore beaucoup à apprendre sur le cinéma, les films cultes, le sens des scènes tournées, les acteurs qui n'étaient pas des très bons comédiens mais qui fascinaient les spectateurs, tel Gary Cooper. J'ai appris, j'ai découvert, j'ai redécouvert Hamlet, un chapitre brillant consacré à Shakespeare. 

L'histoire :

Une bande de copains décide d'enlever un éditorialiste du magazine de droite "Valeurs françaises", sans doute "Valeurs actuelles", Pierre Ramut. Cet homme n'a jamais travaillé mais a son mot sur tout, des conseils, des critiques. 
Il est enlevé, renfermé dans un bunker, il est condamné à percer des trous dans des plaques en duralumin, il doit bosser selon ses convictions qu'il expose dans son journal, semaine de 48h, salaire de 20% inférieur au SMIC, travail le dimanche etc. surveillé jour après jour à tour de rôle par un personnage habillé d'une combinaison et un masque des sept nains sur le visage. Tout à l'air de tenir d'une grosse farce..

Sa disparition restera un mystère pour l'entourage de P.Ramut, pas de revendications, pas de rançon demandée. Sa femme Fabienne est la maîtresse d'Alex un journaliste aux dents longues du même journal, que son mari disparaisse ne l'inquiète pas trop. Ramut, personnage vraiment antipathique sera très vite oublié et remplacé dans son journal.

Dans la bande il y a : Rousseau le beau gosse professeur d'économie, Dylan prof d'anglais qui vit avec les deux jumelles Dorith et Muriel et qui rêve d'écrire "son" livre mais qui n'y arrive pas, l'Enfant Loup garagiste amoureux de Suzanna infirmière en psychiatrie, Hurel l'industriel mais qui lit Marx et Kropotkine, Isaac distributeur de films, Kowalski dit Kol qui a perdu son travail après la fermeture de la librairie et qui fricote avec Betty licenciée également, se greffe Victoria compagne de Richard un de leur bande qui vient de se suicider, il ne supportait plus son infirmité après un accident.
Ils sont tous plus ou moins cabossés par la vie mais l'amitié est leur ciment, leurs convictions de gauche aussi. Cette bande est pleine d'humanité, émouvante, les amours de chacun sont tellement bien écrites.

Un beau passage sur la lecture, un seul livre vraiment lu et nous n'avons pas besoin des autres, nous nous sommes reconnus ou découverts.
"Tu vois dit Kol avec prudence, d'abord j'ai pensé que seul un très petit nombre de livres méritait que l'on s'y plonge jusqu'à s'y perdre ou s'y trouver. A la réflexion, je crois que cela vaut pour tous les livres. Parce que le livre en soi n'est rien, il n'est que le support des mots. Et, que ce soit dans un roman de gare, un traité de géographie ou Le Capital, la vérité de ce que nous sommes peut sortir de n'importe quel mot lu dans n'importe quel livre."

J'ai appris que Claude Sautet disait toujours en lisant un scénario avant de donner son accord pour tourner le film "ça finit comment?" la fin était très importante pour ce réalisateur.
Alors si vous vous posez la question "ça finit comment?" vous n'avez plus qu'à lire ce roman que j'ai beaucoup aimé.
Claude Sautet aurait aussi aimé, lui qui filmait toujours des bandes de copains, leurs chagrins, leurs joies, leur amitié, il ne me reste plus qu'à penser aux acteurs qui auraient pu tourner dans ce film. Ce livre tragi-comique pourrait être un film, Gérard Mordillat doit y penser.

Bye MClaire.