samedi 28 mai 2016

"Le cercle des tricoteuses."



Un livre de poche acheté au hasard. Le hasard fait souvent bien les choses, ce roman se lit sans ennui, au contraire.
Il aurait pu être triste, dépressif, mièvre, larmoyant, l'histoire s'y prêtait. Il est plein d'espoir, bien écrit, nous suivons les séances de tricot et les vies de ces femmes avec beaucoup d'intérêt.
Il paraît que le tricot est une véritable thérapie pour oublier nos soucis, nos chagrins, vous tricotez et vous ne pensez à rien, sauf aux mailles qu'il ne faut pas sauter, point envers, point endroit, faire passer un fil, bien arrêter le dernier rang,l'écharpe se tricote de plus en plus vite, il va être temps de passer à la confection d'un pull. Un point à l'endroit, un point à l'envers, une augmentation, une diminution. Un gilet d'enfant rose avec une marguerite jaune sur le devant. Des chaussettes, des bonnets, une couverture.
Il se cache quoi derrière cette frénésie des aiguilles ? Des vies brisées, une maladie, l'attente d'une greffe pour son enfant, une enfant de cinq ans qui vient de mourir alors qu'elle était en pleine santé, une méningite foudroyante, Mary et Dylan ses parents ne savent plus vivre, vivre sans elle est impossible, surtout pour Mary qui sombre dans la dépression, son enfant unique n'est plus là. Dylan voudrait retrouver une femme heureuse, celle qu'elle était avant, avant le drame, mais comment faire ? Il ira chercher ailleurs cette femme qui sait être heureuse, sans amour, il aime Mary mais il n'en peut plus de cette atmosphère pesante. 80% des couples qui perdent un enfant ne s'en remettent pas, ils divorcent. Certains hommes ne supportent pas la maladie, le malheur qui atteint leur famille, ils partent.

Mary poussée par sa mère décide de rejoindre un cercle de tricoteuses pour essayer d'aller mieux, surtout pas pour oublier, on ne peut pas oublier. La mystérieuse Alice anime ce cercle, il y a là Beth femme au foyer et quatre enfants, elle ne sait pas que son univers va s'effondrer. Ellen, la triste Ellen, une fille malade, une vie étriquée, Ellen a besoin de prendre l'air pour fuir cette atmosphère.
Scarlet qui dissimule une partie dramatique de sa vie.
Lulu qui mène une vie bancale, un chat Katmandou mais avant il y avait eu Cat Stevens, les chats sont plus fiables que les hommes. Un jour, mise en confiance, elle racontera...

Il y a les relations difficiles entre une mère et sa fille, des secrets dévoilés un peu tard mais qui rétabliront l'amour entre elles. "Il y a tant de choses que je voudrais t'expliquer."

Je vous conseille ce livre, plein d'humanité, d'entraide, de beaux portraits de femmes, fragiles et fortes en même temps. Mary est le personnage principal du roman. Je ne vais pas oublier Roger le "tricoteur" qui venait avec son compagnon et qui l'a perdu.
" Les feuilles des arbres commençaient à prendre des teintes rouges et orangées. L'air fleurait bon l'automne. C'est avec ces petites choses que Mary découvrait qu'elle avait toujours le goût de la vie. La première pêche juteuse de l'été. Le baiser du soir de son mari. L'inclinaison particulière d'un rayon de soleil aperçu par la fenêtre. L'odeur de la pluie dans l'air. Le bruit des vagues déferlant sur la plage. Sentir un écheveau de laine tout neuf entre ses doigts."

J'ai aimé. Cela ne m'a pas réconciliée avec le tricot, j'ai pourtant des dizaines d'aiguilles qui m'attendent, j'ai souvent essayé, j'ai souvent renoncé..

  Bye MClaire.



mercredi 18 mai 2016



Un trésor. J'avais failli l'acheter chez Leclerc-culture à Vannes, la couverture me plaisait, je l'ai acheté à la Fnac d'Aubenas, aucun regret, au contraire.

Premier roman d'Olivier Bourdeaut, un coup de maître, l'auteur a 36 ans. Cancre à l'école, il paraît que l'Education Nationale ne comprenait pas ce qu'il voulait apprendre, il a exercé plusieurs métiers complètement différents avant de se décider à écrire. Il avait beaucoup rêvassé pendant ses années scolaires, son imagination était féconde, son livre est une pépite, à ne pas manquer.

C'est l'histoire d'un amour fou vécu sous les yeux éblouis d'un petit garçon.
Un couple qui s'est formé en un instant, elle a des yeux verts, lui un regard bizarre, une coupe de cheveux démodée, il a l'allure d'un cavalier prussien. Il ment pour raconter des histoires, son fils a longtemps cru qu'il était tueur de mouches, non, il a fait fortune en créant une chaîne de garages qui contrôlent vos voitures au bout de quatre ans, avec l'aide d'un ami sénateur qui lui avait refilé le tuyau, il y allait avoir une loi, il fallait en profiter. Son affaire prospère revendue, il peut enfin vivre chaque minute auprès de sa femme et de son fils.
Il ne faut pas oublier la grue de Numidie, ramenée après un voyage en Afrique, Mademoiselle Superfétatoire. Elle vit dans la maison. 
Un autre personnage du roman surnommé "L'ordure", le sénateur qui leur rend souvent visite.

C'est l'histoire d'une femme extravagante, attachante, imprévisible qui glissera lentement vers la folie sous les yeux des deux êtres qu'elle aime le plus au monde. Une famille loufoque mais où l'amour est palpable en lisant chaque ligne.
Le père donne un prénom différent chaque jour à sa femme, ils dansent beaucoup, boivent pas mal, reçoivent de nombreux amis. Ils n'ouvrent jamais leur courrier qui est entassé dans un coin de l'entrée, il ne faut pas gâcher la fête.
J'ai pensé au personnage de "Gatsby le magnifique." 

Je ne veux pas trop en raconter, cela briserait le charme de cette lecture si vous vous décidez à acheter ou emprunter ce livre.

Mais je ne résiste pas à l'envie de vous raconter le mensonge du père, il fait croire à une femme qui l'ennuie qu'il est le descendant d'une famille riche de Détroit, constructeur de voitures, mais hélas, il était un enfant autiste jusqu'au jour où il a pu parler, elle lui demande "Quel a été votre premier mot ?" et il répond sans sourciller "Pneu." J'ai éclaté de rire.

J'ai ri, j'ai été étreinte par l'émotion, j'ai adoré cette famille qui se fout des conventions, nous pouvons pleurer et rire l'espace de quelques secondes. Ce roman est déroutant, émouvant. Evidemment, nous devinons ce qui arrivera à la fin du livre.

Nina Simone "Mr Bojangles" nous accompagne tout au long du bouquin. 

C'est une de mes plus belles lectures de ces derniers mois.
Une très belle histoire d'amour.
J'espère que ce livre ne restera pas l'unique roman d'Olivier Bourdeaut, mais il a placé la barre très haut.

Bye MClaire.


jeudi 12 mai 2016



Nathalie Côte est musicienne, "Le renversement des pôles" est son premier roman.

« L’amour a ceci de commun avec les chambres à air qu’il éclate sans prévenir quand il ne fuit pas sournoisement. »

Bien écrit, il se laisse lire, mais il ne restera pas inoubliable, l'histoire est un peu banale, certaines jeunes femmes se reconnaîtront dans cette histoire bien de notre temps.
Deux couples, la quarantaine, Claire, Arnaud et leur fils Erwan ; Vincent, Virginie et leurs deux filles se retrouvent dans une résidence de vacances. Ils ne se connaissent pas, ils sont voisins. Ils seront les témoins des insatisfactions des uns et des autres.
Deux couples complètement différents, Virginie souffre d'être un peu ronde, Claire prend soin de son corps et affiche une silhouette parfaite. Arnaud, timide, complètement soumis à sa femme, ne prend jamais de décision au grand désespoir de Claire. Leur relation s'effiloche, Claire rêve d'un autre amour, Arnaud passe du temps sur un site de sexe, seules les images pornographiques lui donnent de la jouissance, il en a honte mais il est complètement addict.
Vincent rêve de devenir riche, Valérie a des exigences, une belle cuisine, une nouvelle voiture, ils achètent tout à crédit, sont un peu raides à la fin du mois. Vincent se fera arnaquer sur un site de bourse en ligne, il perdra les économies faites pour acheter une Tiguan à quatre roues motrices qui a un coffre plus grand que le X1. Valérie n'est pas au courant de la banqueroute, elle découvrira le pot aux roses pendant les vacances.
Les deux femmes sont insatisfaites pour des raisons bien différentes.
Les vacances seront le déclencheur pour prendre des décisions, Claire veut divorcer, Valérie imposera ses choix.

Tous sont des enfants de notre société de consommation, on consomme des maris, des femmes, une voiture, un séche-linge, des langoustine puisqu'ils ne peuvent pas se payer des langoustes. On rêve d'une vie facile sur un yacht qui appartient à Simon, l'amant de Claire pendant quelques jours, elle fantasmera la naïve, lui s'amusera et la rejettera, la renvoyant à sa vie monotone auprès d'Arnaud.


Voilà en gros l'histoire de ce roman. Rien de très original. Nous sommes juste les spectateurs de ce manque de communication, d'amour tout simplement.

J'ai regretté le peu de profondeur des personnages, pas de surprise. C'est vraiment dommage, l'écriture est agréable, l'histoire un peu plate. Pas de cataclysme, le renversement des pôles n'est pas pour aujourd'hui.  Bye MClaire.




dimanche 1 mai 2016


Je me suis régalée en lisant ce livre. J'ai presque envie de jouer au camelot "approchez, approchez, achetez ce livre, que du bonheur" le camelot vend souvent de la pacotille mais là non, c'est du solide, du bien écrit, original, palpitant, ça ne ressemble à aucun livre de cet auteur que j'aime.

Dès que David Foenkinos publie, j'achète, j'avais aussi adoré son dernier "Charlotte". Ce que j'aime chez lui, c'est qu'aucun livre ne ressemble à un autre, il nous surprend toujours cet écrivain à la voix tellement douce.

Dans "Le mystère Henri Pick." il nous transporte dans le monde de l'édition, un monde qui peut être cruel ; nous percevons sans cesse son amour des livres, la souffrance de l'écriture, les blessures de l'écrivain qui n'arrive pas à se faire publier. D. Foenkinos a aussi essuyé des refus, il sait de quoi il parle. Proust aussi a eu quelques refus, je n'ai jamais lu Proust, je n'ai pas envie, il aurait pu se retrouver sur une étagère des livres refusés sans que cela me dérange.

"Comment croire ceux qui disent écrire pour eux ? Les mots ont toujours une destination, aspirent à un autre regard. Ecrire pour soi serait comme faire sa valise pour ne pas partir."

L'histoire : Il existe à Crozon dans le Finistère, une bibliothèque municipale tenue par J.P Gourvec, un taiseux, un homme fou des livres et qui sans doute aurait bien voulu écrire le sien, mais il ne l'a pas fait officiellement, mais peut être l'a t-il fait dans le secret, qui sait ? Gourvec a vécu un mariage malheureux, il aurait pu écrire "Les dernières heures d'une histoire d'amour."
Il avait décidé d'ouvrir un espace dans cette biblio, un espace pour les livres refusés, mais les auteurs devaient en personne venir déposer les livres, il voulait faire "des échecs des autres, sa propre réussite." Ces livres restaient là sans que personne ne s'y intéresse, ils prenaient la poussière sous les yeux de Magali la nouvelle bibliothécaire, Gourvec est mort, elle finissait aussi par oublier ces romans, posés là. Les titres les plus farfelus "La masturbation et les sushis" une ode érotique au poisson cru, etc.
Jusqu'au jour où Delphine et Frédéric son fiancé, écrivain refusé, rendent visite à la bibliothèque. Delphine travaille chez Grasset, ses parents ont une maison de vacances à Morgat. En parcourant les rayons des livres refusés, ils tombent sur un roman écrit par Henri Pick qui a tenu une pizzeria à Crozon, intrigués ils demandent l'autorisation de l'amener chez eux pour le lire et c'est une révélation pour Delphine, elle pense qu'il doit être publié, elle en est certaine, ce livre sera un best-seller, mais avant il faut rencontrer la famille d'Henri Pick, Madeleine sa veuve, Joséphine sa fille. Madeleine tombera des nues, elle n'a jamais vu Henri écrire "que la liste des courses". Elle ne peut pas croire qu'elle ait pu vivre si longtemps à côté d'un "Fitzgerald de la pizza." ce n'est pas elle qui dit ça, elle ne connaît pas Fitzgerald. Pour elle ce sera un vrai séisme.
Ce livre bouleversera la vie de toutes les personnes qui s'y intéresseront de près. Des parcours croisés des personnages.  Il bouleversera surtout la vie tranquille de Madeleine qui se demande comment son mari a pu lui cacher cette passion d'écrire, on ne connaît jamais les pensées secrètes de l'autre, après tout pourquoi pas ? 
Le livre sera un grand succès, mais un homme doute, un ancien critique littéraire, ruiné, un peu alcoolique, désoeuvré, il ne croit pas au buzz, il cherchera à comprendre..

Je vous laisse découvrir la suite, la fin est surprenante, je n'ai pas eu une seconde l'intuition du nom de l'auteur. Tout le talent de D.Foenkinos.

J'ai aimé l'amour des livres, le lecteur qui se reconnaîtra toujours dans un livre "C'est incroyable, vous avez écrit ma vie." Il faut toujours lire le livre qui nous correspond, que ce soit un roman de gare ou le livre ardu d'un philosophe. Peu importe, la lecture est un moment magique.
La description des dérives de la notoriété, tout le monde veut avoir sa minute de gloire et cela passe souvent par la télé, Madeleine non, elle était tranquille dans sa petite maison de Crozon, ce sont les médias qui s'empareront d'elle, même François Busnel a effectué le déplacement, j'ai beaucoup ri, le microcosme parisien au bout du monde.

La façon de créer un buzz. Sa façon malicieuse de mêler des noms réels du monde de l'édition à des noms inventés, quelques bas de page(s) "Comme si la reconnaissance consistait à être compris. Personne n'est jamais compris, et certainement pas les écrivains. Ils errent dans des royaumes aux émotions bancales, et, la plupart du temps, ils ne se comprennent pas eux-mêmes."
J'ai beaucoup aimé le personnage de Magali, si mal dans son histoire de couple et qui retrouve pendant quelques jours le bonheur d'aimer avec un jeune homme qui pourrait être son fils. Là aussi Foenkinos nous émeut.
"Il est difficile de dater le début du déclin d'un amour. C'est progressif, insidieux, l'aisance sournoise des agonies...Quant les enfants seront grands, on pourra se retrouver, pensaient-ils. Ce fut exactement le contraire."

Pour finir, j'ai aimé que cette histoire se déroule à Crozon, en Bretagne, au bout du monde, un merveilleux bout du monde.

J'ai aimé, adoré cette histoire pétillante, ce roman dans le roman, je ne peux que vous conseiller de le lire. Je l'ai lu en deux jours, je l'ai fini dans la voiture, en route pour Vichy, une passagère pas très bavarde dans ce cas là.

Bye MClaire.