jeudi 29 septembre 2016

Avant de donner mon avis sur le livre de Benoît Duteurtre "La cité heureuse."  Je voudrais dire merci aux visiteurs de ce blog, environ 1.500 lecteurs pour le mois d'août, mois creux, ce sont les vacances, c'est bien, j'avais l'impression que la lecture n'attirait plus les gens, c'est faux, 1.500 visiteurs pour un blog confidentiel c'est beaucoup (statistiques google et internet). Ce blog est affiché sur ma page scrabble, il faudrait que je me donne la peine de le faire connaître autrement, comme mon bloc-notes d'ailleurs, si dans le futur mon envie de scrabble faiblissait ces blogs continueraient,  je ne peux pas m'en passer, ils traceraient leur route autrement. J'anticipe, il n'est pas question que j'arrête le scrabble pour l'instant. J'ai encore fait connaissance de lecteurs au festival de La Rochelle, merci à eux, un joueur m'a dit "lorsque je ne sais pas quoi lire, je vais sur ton blog, je lis les critiques, ça me donne des idées." Cela me fait vraiment plaisir de participer à la diffusion des livres. La lecture est un monde apaisant, on peut se couper du monde en lisant.




J'ai acheté ce bouquin chez Easy-Cash, o,50 euro, il a été publié en 2007, il est pratiquement neuf, je me demande s'il a été lu, nous nous apercevons très vite si un livre a été feuilleté, il y a un truc qui se dégage.
J'ai appris que l'auteur était l'arrière petit-fils de René Coty, élevé dans une famille érudite.
Benoît Duteurtre a aussi écrit "La petite fille et la cigarette." un monde où l'enfant serait roi, un monde sans fumeurs, beau livre.

"La cité heureuse" est aussi visionnaire, le monde futur, il a été publié il y a 9 ans et nous retrouvons les maux de notre société actuelle, celle de 2016, on dit de l'auteur qu'il est un peu Kafkaïen, c'est vrai, il décrit bien l'absurdité du monde.

Le sujet du livre :
"La compagnie" a décidé d'acheter un quartier entier d'une ville très endettée, les dirigeants veulent faire de ce quartier historique "Le Town Park." un centre de loisirs où les touristes afflueront, les habitants qui resteront devront participer à cette fête permanente en échange de certains avantages, un loyer bloqué, une mutuelle maladie super intéressante, mais à condition d'être toujours d'accord avec les règles de la cité et de cumuler suffisamment de points-coeur pour pouvoir bénéficier des avantages, ne pas se rebeller, surtout pas, les gens qui se rebellent sont bannis, la Compagnie leur fera la vie dure, c'est bien le cas dans notre société, il faut rentrer dans le rang, sinon gare...
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Au départ, le héros du livre n'est pas du tout d'accord, il écrit des scénarios pour la télé-réalité, mène une vie confortable, il n'a pas du tout l'intention de se laisser enfermer dans ce système. Peu à peu sa résistance cédera, il se pliera aux ordres, trouvant finalement très confortable cette situation, un revenu supplémentaire qui se greffe, écrire des scénarios pour la télé de la Compagnie, puisqu'il semble résister, on l'achète etc.jusqu'au moment où tout se délitera...La maladie n'est pas exclue d'un monde aseptisé.

J'ai aussi aimé l'humour de ce roman, mais j'ai surtout aimé la description de ce monde capitaliste, le bonheur ne dépend pas de l'argent, du confort, le refus de ce qui nous attend, un monde déshumanisé, un monde désespéré, cette civilisation qui est en train de mourir, cette planète exploitée qui se dégrade, il faut avancer malgré tout.
En 2007, Benoît Duteurtre prévoyait ce qui allait arriver à "Charlie Hebdo." Dans le livre ce sont des menaces contre un commerce de photos, David doit enlever de sa vitrine tout ce qui représente l'Islam, il est menacé. Il doit aussi supprimer tout ce qui représente l'ancien monde colonial, les Noirs ne veulent pas.
Une photo d'une tribu africaine du XIXe siècle :
"Et ces mecs à poil, tu n'as pas honte de montrer ça."

Il prévoyait aussi l'arrivée des travailleurs d'autres pays européens qui bosseraient à moindre coût.
Le système santé qui se dégrade.
Un territoire interlope dans les villes, les tentes, les brasiers dans des bidons.
Vraiment visionnaire.

Une note d'optimisme dans ce roman :
"J'aurais pu aborder les mêmes questions avec des nuances, m'attarder aux progrès de la médecine qui reculent l'horizon de la vie, à l'éradication de ces grands maux de l'humanité que sont la faim, le froid, les épidémies. J'aurais pu évoquer cette force de l'homme adulte, lorsqu'il reste soutenu par les rêves de son enfance, par le souvenir d'un refrain joyeux ou d'une promenade aux champs. J'aurais pu souligner la chance de vivre à une époque si richement dotée en souvenirs, chansons, livres, pensées et aventures qui, jusqu'au bout maintiendront dans l'humanité une petite lueur de génie."

Je ne sais pas si ce roman est en poche. 
J'ai lu ce livre avec plaisir. Je me pose une question ;
'Ne fallait-il pas lire ce bouquin en 2016, plutôt qu'en 2007, pour mieux l'apprécier ?"

Bye MClaire

jeudi 15 septembre 2016



J'avais commencé Limonov d'Emmanuel Carrére, il est intéressant mais je n'arrivais pas à me concentrer en lisant et ce livre demande de la concentration, j'ai acheté "Moka", il vient de sortir en poche. Je vais reprendre Limonov.
Il faisait très chaud, il fallait un bouquin facile à lire, captivant, bien écrit, il est tout ça. Je l'ai lu en quelques heures sur deux jours, il ne faut quand même pas oublier que nous sommes en vacances, nous bullons, nous prenons notre temps, pas du tout les mêmes horaires qu'à la maison.

J'ai déjà lu Tatiana de Rosnay, j'aime bien, là j'ai aimé aussi malgré la gravité du sujet qui peut émouvoir les lecteurs qui ont peut être vécu une tragédie dans leur vie.
Malcolm, 13 ans, mercredi jour des enfants, le cours de musique, le jeune garçon traverse au feu rouge sur le passage piéton, un bus qui attend, une voiture de couleur moka de marque Mercedes qui ne s'arrête pas, l'enfant ne la voit pas, il est percuté, le chauffard fuit. Des témoins relèvent quelques numéros mais pas tous, le département 84, 64, 34 ? Ils ont aussi eu le temps de voir une femme blonde au volant et un homme passager.
Il y a un fichier informatisé qui s'appelle le STIC, il faudra vérifier toutes les cartes grises page par page. Ce sera long.
Justine la maman ne pourra pas supporter l'attente, son fils est dans un coma profond, elle ne pourra admettre qu'une femme continue de vivre normalement après avoir renversé son enfant, elle veut la retrouver. 
Mariée à Andrew, un anglais, qui lui ne réagira pas du tout de la même façon malgré son chagrin, elle fera tout pour  retrouver la conductrice criminelle presque seule. Un flic finira par comprendre sa douleur.

J'ai aimé l'analyse des réactions de chaque personnage du roman.
Nous avons tous des émotions différentes, les uns pleurent, les autres se murent dans leur douleur, les uns ont besoin des autres, certains s'évadent dans leur travail, dans le sommeil, Justine ne peut pas dormir, Andrew dort, leurs différences surgiront au grand jour, ils pensaient former un couple solide, dans leur grand malheur ils se rendront compte qu'ils n'arriveront plus à se parler, à se toucher, à s'épancher sur l'épaule de l'autre, elle se bloque, ne cherche pas d'aide, s'isole, elle trouvera ses parents insupportables, geignards, elle voudrait qu'ils la comprennent, seule sa belle-mère anglaise saura trouver le chemin pour la consoler.
Cette histoire pourrait arriver à chacun de nous, nous nous levons le matin, il fait beau, tout va bien et un coup de téléphone peut déranger toute cette harmonie, notre vie peut s'effondrer. Quelle serait notre réaction ?
J'étais indignée en lisant les mots très bien trouvés qui décrivent l'homme, lâche, fuyant, cela me rappelait douloureusement une journée de ma vie qui est et qui restera toujours gravée dans ma mémoire, je l'ai sans doute racontée, une petite fille écrasée par un camion de T.P, un témoin avait fait monter la maman et la fillette dans ma voiture pour les amener à l'hôpital, je n'avais pas réfléchi, il fallait attendre, je l'avais fait, la fillette était morte dans ma voiture et à l'accueil de l'hôpital était arrivé le directeur de la société de T.P, j'étais effondrée et je disais "Mais, elle est morte." il me rabrouait, ne voulait pas reconnaître la responsabilité du camion " Vous racontez n'importe quoi, vous n'avez rien vu, elle n'est pas morte." Lâche, brutal, le chauffeur était responsable. Certains hommes sont lâches devant le malheur, prêts à tout pour ne pas être déclarés coupables du séisme provoqué dans une famille. 
J'ai lu il n'y a pas très longtemps "Le cercle des tricoteuses", une histoire de couple qui perd un enfant, c'était aussi très bien analysé,
Dans "Moka" je peux dire que la vie vaincra le malheur, cela arrive dans les drames, le coma peut être temporaire, le couple devrait surmonter, sortir plus fort de ce moment tragique. Ce n'est pas toujours le cas.
J'ai aussi aimé découvrir ce couple Franglais.

L'écriture est un peu sèche, mais elle colle parfaitement à l'état d'esprit de Justine.
Le livre a été adapté au cinéma avec Emmanuel Devos et Nathalie Baye.
Un livre que vous devriez aimer. En poche.

Bye MClaire.










mercredi 7 septembre 2016



Gérard Collard trouve ce livre sublime, un des cinq livres de l'année. Je l'ai cru comme toujours, il a une critique très sûre. J'ai eu raison de le croire, un livre vraiment sublime.

Il faut se laisser bercer par l'écriture, mais elle ne vous endort jamais, de toutes les façons vous ne pourriez pas vous assoupir, trop de vent, c'est un livre sur le vent, sur les sentiments conjugaux et filiaux et surtout sur l'Antarctique, sur la Tasmanie, sur Bruny île de Tasmanie, au sud de l'Australie. Attention, je n'écris pas que tous les lecteurs aimeront, vous pouvez ne pas apprécier ce genre de roman, vous ennuyez, c'est possible. Je n'ai pas sauté une seule ligne.

L'histoire :

Mary Mason a été l'épouse d'un gardien de phare, Jack.
Elle a eu trois enfants, Jan, Gary et Tom, elle a élevé ses gamins sur l'île de Bruny, loin de tout, dans le vent qui souffle sans arrêt, au milieu des oiseaux, d'une nature intacte.
Elle a des relations plus étroites avec Tom, son dernier, enfant qui adore la solitude, étudie les oiseaux, se balade seul sur les plages, les deux aînés sont partis en pension pour poursuivre leurs études, Tom reste seul avec ses parents, un père taiseux avec qui il ne partagera pas grand chose, une mère aimante avec qui il partagera toujours l'amour de cette île sauvage.
Plus tard, Tom partira en Artarctique pour trois saisons, il est diéséliste et marié avec Debbie, pour améliorer leurs finances il faut qu'il aille là-bas, loin de tout, une maison à payer.
Elle ne supportera pas cette absence si longue et le quittera pour un autre, elle a attendu que le dernier bateau quitte l'Antarctique pour lui annoncer la rupture, ensuite aucune possibilité de naviguer dans les glaces, il ne pourra pas la voir pour la supplier de rester.

Il reviendra à Hubart à la fin de son contrat, fou de chagrin, se murera dans la solitude, mais restera toujours près de sa mère qui est malade, cardiaque, son cas est grave.
Mary ne veut pas terminer sa vie en maison de retraite, elle décide de repartir sur l'île de Bruny, dans un petit cottage, seule, Léon le garde-forestier passera tous les jours prendre de ses nouvelles, un début de relation houleux et peu à peu le jeune homme se prendra d'amitié pour cette vieille dame qui vit ses derniers mois, elle veut revoir tous les endroits où elle a eu tant de bonheur et tant de chagrin, elle comptera bien sur lui pour la balader. Tom lui rendra visite souvent, un ferry fait la navette, il n'a qu'une crainte, ne pas assister aux derniers instants de sa mère, son père est mort pendant son séjour en  Antarctique, il n'a pas assisté à ses funérailles, le remords ne le quittera pas.

Il y a un secret dans la vie de Mary, j'ai très vite deviné quoi, mais cela n'enlève rien à la suite du roman, il reste toujours aussi captivant. Une lettre qu'elle n'arrivera jamais à brûler.

J'ai aimé et même adoré la description de la nature, un endroit que nous ne verrons jamais, je savais à peine qu'il existait. Les oiseaux, les tempêtes, la vie du phare.
J'ai aimé Mary, une femme forte et fragile à la fois, ses failles, son désir ardent de sauver un couple qui ne fonctionne plus. Jack ne la regarde plus.

"Du haut de son grand âge, elle distinguait la maille qui avait sauté dans le tricot de leur vie commune. Elle avait mis des années à comprendre que, si on ne les prononce pas à point nommé , les mots s'effacent pour toujours . Quand elle avait commencé à discerner ce qui n'allait pas dans sa relation avec Jack, le fil avait déjà été rompu. Le vent l'avait emporté et tout ce qui restait, c'était du vide."

J'ai beaucoup aimé Tom, un homme brisé qui porte en lui l'envie d'aimer et qui n'arrive pas à l'exprimer, seul Jess sa chienne a l'air de le comprendre. Dans une fratrie il arrive qu'il y en ait un qui soit plus fragile, les parents devinent et veulent tout faire pour qu'il soit heureux, qu'il ne s'égare pas, surtout la mère dans ce cas, ce n'est pas une préférence, c'est juste un devoir de protection, comme les puffins du roman envers leurs poussins.
J'ai détesté Jan la fille, Mary a tout fait pour que les choses aillent bien entre elles, mais ça n'a pas marché, Jan est autoritaire, directive. Mary veut mourir loin de ces mouroirs que sont les maisons de retraite, Jan veut qu'elle y aille, au point de ne jamais lui rendre visite sur l'île de Burny son dernier refuge. Elle la verra morte, pleurera, mais ce sera trop tard.

J'ai aimé découvrir la vie en Antarctique, les hommes et les femmes qui vivent dans un décor de glace magnifique mais qui se saoulent à la moindre occasion, on boit beaucoup dans les bases, on trompe aussi beaucoup celui qui est resté à la maison, l'hiver est long pour les "hivernants". L'auteure a une expérience d'un séjour dans une base. Le retour dans la vraie vie n'est pas toujours évident, tous les hommes et femmes qui vivent une expérience dans une base ont dans les yeux quelque chose de différent. L'Antarctique ne laisse pas intact, leur âme en est imprégnée, une seule envie, y retourner.
"...et cette sensation de liberté vous donnera des ailes En même temps, le germe d'une nostalgie éternelle a été planté en vous. Vous ne penserez plus qu'à y retourner. A vous glisser dans cette nouvelle peau qui est la vôtre sur la banquise, ce "moi" qui ne connaît plus de bornes conventionnelles. De retour dans votre ancien monde, parmi les blessures que vous a infligées le pôle Sud, le regret lancinant vous ronge. Votre âme est enchaînée. Vous ne guérirez pas avant des années."

Vous découvrirez ce livre et j'espère que vous l'aimerez.

Bye MClaire.