dimanche 26 février 2017

"L'autre qu'on adorait." Catherine Cusset



Il va être temps que je lise un bouquin optimiste, gai. 

J'aime lire Catherine Cusset, j'avais beaucoup aimé "Un brillant avenir.". Là, je suis partagée. Je ne peux pas dire "Je n'ai pas aimé." ni le contraire, c'est un roman infiniment triste qui décrit la chute d'un homme brillant, jusqu'au suicide. Nous le savons dès les premières pages, il ne reste plus qu'à lire son histoire.

Thomas était l'ami de Catherine, il avait été son amant avant de devenir un ami fidèle. Elle habite New-York, il avait décidé de faire des études universitaires aux Etats-Unis, ils se rencontraient souvent.
C'est l'histoire malheureuse d'un homme atteint d'une maladie psychiatrique, il est bipolaire, comme Van Gogh, Dickens, Kurt Cobain, Nina Simone et d'autres. Thomas le saura très tard, trop tard, lorsqu'il se décidera à consulter un psychiatre. Tout le livre décrit ses moments d'euphorie, de joie de vivre, d'excitation suivis de grands moments d'abattement, de dépression. Sa vie est une succession d'échecs. D'amours qui n'aboutissent jamais, d'abus de sexe, de boisson; A quarante ans il se retrouvera seul, sans argent et sans doute sans travail. Sa décision d'en finir est prise. 
Ses dernières pensées sont pour Proust qu'il admire, Proust a écrit dans "Du côté de Guermentès" 
- La mort élit domicile en nous longtemps avant de nous tuer, et que pendant ces années elle se fait connaître de nous comme un voisin ou un locataire "liant".
Il n'y a plus d'échappatoire.

J'ai bien raison de ne pas aimer lire Proust !

Dans ce livre il n'y a aucune espérance et ce qui est assez gênant est le "tu" qu'elle emploie tout au long du livre, elle s'adresse à Thomas en écrivant "Tu te confonds en excuses." Tu as éprouvé..." Nous pouvons nous perdre.

J'ai aimé la description de New-York, visiblement l'auteure adore cette ville pleine d'énergie qui donne une chance à tous. Thomas l'aimait aussi.

Nous connaissons New-York, nous avions aimé et nous aurions bien voulu y retourner.

Je ne connaissais absolument rien sur le fonctionnement des Universités américaines, j'ai lu et j'ai compris qu'il était très difficile de se faire une place dans ce monde "réduit".
Catherine Cusset enseignait à l'Université Yale.

Ce que j'ai appris ? Tous les diplômes du monde ne donnent pas les clefs pour s'ouvrir aux autres.

J'ai eu un peu de peine à comprendre comment faisait Thomas pour s'offrir des voyages fréquents, des beaux livres, des beaux hôtels, des grands vins alors qu'il était perpétuellement fauché ou le mot fauché n'a pas le même sens dans un certain milieu.

J'ai lu ce livre jusqu'à la dernière page parce qu'il procure une vraie émotion, il y a des pages vraiment poignantes, mais je ne peux pas dire que j'ai adoré la vie de ce jeune homme pour qui tout aurait pu être différent si sa bipolarité avait été découverte précocement.

Je n'ai pas de conseil de lecture à donner, si un, âme sensible s'abstenir, ce livre peut laisser des traces.

Bye MClaire.










dimanche 19 février 2017




 Gilles Marchand. Premier livre écrit en solo.


















J'ai fini ce bouquin hier et comme toujours j'enchaîne sur un autre, celui de Catherine Cusset "L'autre qu'on adorait." je ne suis pas allée très loin, je me suis arrêtée à l'introduction, un passage de Proust, ce passage aurait dû être cité au début de "Une bouche sans personne." Connaît-on vraiment l'autre, même celui que nous côtoyons tous les jours ?

"Une personne n'est pas, comme je l'avais cru, claire et immobile devant nous avec ses qualités, ses défauts, ses projets, ses intentions à notre égard (comme un jardin qu'on regarde, avec toutes ses plates-bandes, à travers une grille), mais est une ombre où ne nous pouvons jamais pénétrer, pour laquelle il n'existe pas de connaissance directe, au sujet de quoi nous nous nous faisons des croyances nombreuses à l'aide de paroles et même d'actions, lesquelles les unes et les autres ne nous donnent que des renseignements insuffisants et d'ailleurs contradictoires, une ombre où nous pouvons tour à tour imaginer avec autant de vraisemblance que brillent la haine et l'amour."

Le narrateur est comptable, il a droit régulièrement à la question "Vous comptez quoi ?". Une vie bien réglée, faite d'habitudes, travail, bas du visage caché par une écharpe, arrêt au bistrot pour boire un café et un whisky avec ses potes, Thomas qui s'invente des enfants depuis son accident, des enfants qu'il n'a jamais eu  et Sam qui reçoit des lettres de sa mère morte, eux ne posent jamais de questions, il y a Lisa la serveuse, jolie Lisa, douce Lisa et les disques des Beatles.
Arrêt chez la boulangère qui parle toujours au futur et qui ne manque jamais de dire un mot sur la météo ou lorsqu'elle est pressée dit "Et avec ça vous prendrez ?". Rencontre avec une dame qui promène son petit chien mais qui évite de le regarder. La routine. La concierge est morte et personne ne la remplace, les poubelles s'entassent dans l'escalier, il faudra creuser un tunnel pour atteindre l'appartement, à condition qu'un orchestre tzigane n'encombre pas le palier.
Une mouche se promène sur les murs, un python se glissera dans l'escalier, c'est peut être "Gros câlin." sorti du roman de Romain Gary ?

Attention, le livre est tout sauf ennuyeux, touchant, original, très original, un peu loufoque mais profond, léger aussi.

Un jour, le narrateur renverse son café sur son écharpe, découvrant une cicatrice qu'il cachait et là ses amis qui ne connaissent rien de son histoire lui demandent de raconter sa vie. Thomas son ami lui dit : "On ne peut pas indéfiniment cacher ses cicatrices à sa famille." Deux pages magnifiques sur la solitude, Thomas raconte "Un matin, j'ai appris que mon père était mort.Je ne l'avais pas vu depuis deux ans. Éloignement, impression qu'on n'avait plus rien à se dire. Le temps qui passe et on laisse filer. "On aura toujours le temps." On remet à plus tard et on passe du plus tard au trop tard. J'ai eu des remords, j'ai eu de la peine. J'étais seul et je me rendais compte que je ne l'étais pas la veille au soir." Les gens du bistrot sont devenus ses amis, sa famille.

Le narrateur commence à raconter son histoire et chaque soir le public captivé est de plus en plus nombreux dans le bar...
Le grand-père Pierre-Jean tient une place essentielle dans sa vie, merveilleux grand-père qui a remplacé ses parents et qui sans cesse enjolive la vie avec des histoires.
"Il était un peu comme mon père, un peu comme mes frères..Il était tout ce qui me restait de ma famille. Il ne m'a jamais abandonné et a fait couler toutes les années de ma jeunesse et les enveloppant d'humour et d'amour."

Nous naviguerons entre le présent et le passé, l'histoire deviendra rocambolesque, un récit imaginaire et il faudra bien une fin, une fin bien réelle.J'ai pleuré...

J'ai beaucoup aimé ce livre, mais attention il faut aussi aimer l'absurde, le pouvoir de l'imaginaire, j'ai aimé cette histoire d'amitié qui fait oublier la solitude pourtant bien présente dans ce livre.

Bye MClaire.



samedi 11 février 2017

Celle qui fuit et celle qui reste. Elena Ferrante.



Nous ne connaissons toujours pas le visage de l'auteure.

Je suis triste, infiniment triste, je n'ai pas aimé ou plutôt rien n'a fonctionné. J'avais adoré les deux autres "L'amie prodigieuse" et "Le nouveau nom." Comme tous les lecteurs de cette saga, ceux qui aiment, je me suis précipitée sur le troisième tome et là désillusion totale.

J'ai commencé le livre, je retrouvais les personnages, je n'avais pas oublié les noms, les familles, le quartier, les deux copines si différentes, je ne retrouvais pas cette magie qui m'avait fait aimer Lena et Lila, si dissemblables et pourtant si proches.
J'ai continué avec obstination, il allait se passer quelque chose, ce n'était pas possible. Rien.

Dans ce tome, l'histoire se déroule à la fin des années 1960, 
à Paris se déroule la "révolution" de 1968, l'Italie est en pleine mutation politique. Les moeurs seront aussi bouleversées dans un pays aussi macho, les femmes apprennent la contraception, la liberté, les hommes sont interloqués, ils ne comprennent plus ou en profitent.
Histoire banale de cette époque, Lena et Lila auront des enfants qu'elles ne désiraient pas mais qu'elles aimeront. Lena l'intellectuelle, celle qui a fait des études, restera coincée chez elle, mère au foyer, deux fillettes et Pietro un prof universitaire. Elle voyait sa vie autrement, elle vivra une vie sans perspective, un mari de plus en plus indifférent, mais rien de plus banal à cette époque, toutes les femmes ne travaillaient pas, surtout dans les milieux aisés, les femmes des milieux ouvriers travaillaient par nécessité.
Léna voudra s'émanciper, Lila attirera l'attention de ces milieux intellos qui décrivent la condition ouvrière, elle se rebiffera, fidèle à elle-même.

J'ai trouvé les chapitres répétitifs, l'impression de lire et relire toujours la même histoire, il y a des longueurs. Les relations des deux amies toujours aussi compliquées, rien n'avance, la victime et la méchante.

La fin est plus intéressante, sans doute pour nous allécher, nous donner l'envie d'acheter le prochain. Non, ça ne prendra pas, il y a toujours un moment où une saga doit avoir une fin, au risque de lasser.

Rien d'autre à raconter, comme dans le livre.

Bye  MClaire.