mardi 25 juin 2013

Je n'aurais pas dû commencer à lire "Hôtel Lutetia" après avoir terminé le bouquin de F.O.G "La cuisinière d'Himmler", j'ai trop aimé ce dernier et celui de Pierre Assouline me semble plus fade, intéressant sur le plan historique, bien écrit, mais il n'a pas le peps de l'autre. L'histoire est évidemment complètement différente.

 
C'est l'histoire d'un homme Edouard Kiefer, ancien flic des RG, détective chargé de la sécurité du Lutetia. Nous sommes en 1938, le Lutétia est l'unique palace de la rive gauche, il a ses habitués, Edouard Kiefer connaît tout de leur vie, leurs petites habitudes, leurs secrets, leurs manies, il est discret, il observe depuis son bureau qui domine le hall d'entrée. L'hôtel voit défiler Picasso, Roger Martin du Gard qui vient de recevoir le Nobel, Samuel Beckett, le général de Gaulle y a passé sa nuit de noces.
Certains viennent passer leurs dernier moments dans un hôtel, il paraît que c'est plus rassurant de mourir à l'hôtel que chez soi ou dans un hôpital.
Il y a lui le "flic" et le concierge aux clés d'or qui est un Etat dans l'Etat. Les revenus du concierge sont souvent supérieurs à ceux du directeur, il a un vrai pouvoir.
 
La guerre arrive et avec elle la clientèle du palace change, les allemands s'installent dans ses murs, l'Abwehr s'y installe. E.Kiefer sait tout, les tortures dans les chambres, le marché noir, il peut devenir résistant, un peu collabo, il a des doutes, il obéit, mais peut-on obéir longtemps sans perdre notre conscience ? Jusqu'où peut-on aller sans trahir sa conscience ?
Je me suis très souvent posé la question, qu'aurions nous fait pendant cette période si troublée ? Un tel aurait fait un parfait collabo, l'autre un résistant, mais je me trompe peut être, les circonstances peuvent révéler des caractères tout à fait différents de ce que nous pensons connaître d'eux.

La troisième partie du livre est très émouvante, le retour des déportés, ils sont reçus dans ce palace qui accepte de les héberger, sans doute une façon de se faire pardonner l'hébergement des occupants. Les enfants qui viennent chaque jour assister à l'arrivée de ceux qui rentrent avec l'espoir de retrouver leur mère, un panneau dans les mains et un jour ils abandonnent ce fol espoir. Cette rescapée qui fait preuve d'aucune compassion pour répondre aux questions de ceux qui espèrent retrouver un des leurs, complètement accaparée par sa propre douleur. Ces ombres qui parcourent les couloirs, légères, émaciées, édentées

J'ai lu beaucoup de livres qui parlaient de la guerre, j'ai vu de nombreux films qui en parlaient aussi, c'est sans doute ce qui justifie mon manque d'enthousiasme pour ce livre, bien qu'il y ait aussi une trame romanesque.
J'ai tout de même appris, il y a toujours quelque chose à apprendre dans un bouquin.
L'originalité de cet ouvrage est que tout se passe dans un hôtel, un espèce de huis-clos.
L'histoire d'un grand hôtel peut s'écrire à la seule vue des chaussures devant les portes. Le Lutécia a vu  des Oxford noires, les bottes de l'occupant et les paires de chaussures d'un autre âge données aux déportés.

Les retrouvailles avec sa maman qu'il croyait disparue sont aussi émouvantes, retrouvailles assez brèves puisqu'elle se suicide. Lui qui avait passé sa vie à fouiller la vie des autres, n'avait pas fait de recherches pour retrouver sa mère, son père l'avait fait interner.

A la fin du livre E.Kiefer dit "Il paraît qu'on se provincialise au fur et à mesure que l'on avance en âge. Qu'importe après tout puisque quand on s'éloigne du monde, on croit aller là où il fait bon vivre alors qu'on se rend là où il fait bon mourir. Heureux ceux qui trouvent le pays pour finir et pour commencer ! Ceux qui mourront pas très loin de là où ils sont nés."
Dans notre monde moderne, c'est de plus en plus difficile, mourir là où nous sommes nés, pour certains c'est même impossible.

Nous connaissons le Lutétia, le repas de mariage de mon frère a eu lieu dans cet hôtel. Je ne connaissais pas son histoire, si j'avais su, j'aurais été plus attentive. Nous avons eu aussi, grâce à mon fils qui y travaillait, l'occasion de dormir dans un palace quelques nuits. L'atmosphère de ces hôtels est bien particulière, c'est une expérience à vivre à condition qu'elle soit offerte comme dans notre cas, le prix prohibitif des chambres a de quoi nous effrayer, mais il paraît qu'il y a des périodes où les chambres sont "soldées", il suffit de se renseigner, je n'aurais jamais su le faire.

C'est un beau livre, mais n'attendez pas qu'il vous transporte comme de nombreux bouquins dans une ambiance qui vous fait oublier le quotidien. C'est un livre historique qui revient sur une période si souvent racontée avec des détails que nous ne connaissons pas, très documenté.
Belle écriture comme toujours chez Pierre Assouline. J'ai aimé sans me passionner.

Bye MClaire.




jeudi 13 juin 2013

Je suis orpheline, orpheline d'un livre "La cuisinière d'Himmler". J'ai terminé ce livre tout à l'heure et pourtant j'ai freiné mes envies de le lire parce que je n'avais pas envie de le finir.
Un bouquin à lire ou à offrir sans modération. Vous ne pouvez pas être déçus, c'est impossible. Franz Olivier Giesbert signe là un grand roman, une épopée à travers le siècle, un siècle traversé par Rose, personnage truculent, elle aime sa vie, la vie, et décide à 105 ans d'écrire ses mémoires.

Je disais à mes copines lectrices que nous devrions apprendre l'histoire à travers un roman, je suis certaine que les enfants y prendraient beaucoup plus de plaisir. J'ai appris des faits de l'Histoire avec un grand H que je ne connaissais pas, des anecdotes sur des personnages célèbres tels que Sartre et Beauvoir. F.O.G a une culture extraordinaire et il partage.
Ce livre pourrait ressembler "Au vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire" mais non, c'est autre chose, la même trame certes, beaucoup plus passionnant, je m'étais un peu ennuyée en lisant "Le vieux..." là pas une seconde, c'est gai, un antidote à la morosité qui règne actuellement. La vie de Rose n'est pourtant pas tranquille, elle est traversée de drames, mais sa joie de vivre et sa sensualité font qu'elle survit à tout, le génocide arménien, le nazisme, le maoïsme. Son moteur la vengeance.
Petite fille arménienne, elle a vu toute sa famille assassinée par les turcs, elle seule est sauvée grâce à un musulman qui lui demande de se cacher dans une charrette de fumier. Elle est faite prisonnière et pour sauver sa vie doit se convertir à l'Islam avant d'être vendue à un riche arabe qui fait d'elle un objet sexuel sans jamais la déflorer, lassé il la cède à un autre poussah, marchand qui possède un bateau, elle deviendra sa maîtresse à 11 ans, lui fera croire qu'elle l'aime jusqu'à l'arrivée à Marseille, où elle s'évadera. Elle vivra de rapines, dans la misère, et arrive le moment où elle sera adoptée par un couple de provençaux qui l'éduqueront et lui donneront de l'amour, mais la vie sera de nouveau cruelle, Rose n'est pas faite pour vivre dans la douceur et le bonheur, le sort s'acharne, Rose devra faire face sa vie durant à l'horreur des hommes. Elle garde sur elle la liste des hommes qu'elle doit éliminer, juste pour ne plus avoir cette boule au ventre.
Pourquoi Himmler ? Himmler vient manger dans son restaurant "La petite Provence." Elle deviendra sa maîtresse, enfin pas tout à fait, rien n'ai jamais consommé, elle veut se servir de lui pour retrouver son mari et ses enfants qui ont été déportés. Elle cuisinera pour Hitler dans son repaire de Berchtesgaden, Hitler syphilitique, souffrant de maux d'estomac violents. Elle quittera Himmler sans avoir retrouvé ses enfants, morts dans les wagons de la déportation.

Vous lirez la suite en achetant le livre. Un livre jubilatoire, captivant, quelquefois cru et souvent très drôle,  malgré toutes les horreurs traversées.
"....On peut considérer sans crainte de se tromper, comme l'une des périodes les plus affreuses de l'histoire de l'humanité : Le siècle des assassins. Il a fait tellement de morts, dis-je, qu'on n'est même pas foutu de les compter."
"Si l'Enfer, c'est l'Histoire, le Paradis, c'est la vie."
"Un discours, c'est comme une robe de femme. Il faut qu'il soit assez long pour couvrir le sujet et assez court pour être intéressant. Le mien tiendra en une phrase : on n'a jamais que la vie qu'on mérite."

Bye MClaire.


jeudi 6 juin 2013


Le beau temps ne favorise pas la lecture, sauf sur une plage. J'avais un bouquin en cours "Le confident" je lisais quelques pages et le jardin m'appelait. Je m'asseyais pour admirer et une mauvaise herbe m'attirait, il fallait que je l'enlève, ce n'est pas ce qui manque, le jardin

 
ne sera jamais un jardin à la française, j'aime mieux les jardins anglais, un peu fouillis. Le gazon fleuri n'a pas encore de fleurs, ça vient, la chaleur va favoriser la floraison. C'est l'arrière de la maison, l'endroit où nous sommes bien les jours de vent.

 
Pour une fois, je vous mets une photo de Christian sur un transat, c'est tellement rare !!

Aujourd'hui il a fait chaud, je n'avais pas envie de bosser, je me suis donc installée sous le parasol pour finir mon livre, ce que j'ai fait, j'avais l'intention de monter, m'installer devant l'ordi pour écrire ma gazette et je me suis laissée entraîner dans une autre lecture "Comment j'ai vidé la maison de mes parents". Petit livre que j'ai lu d'un trait, sans relever le nez.

Ce bouquin n'est pas récent, il date de 2004, il est édité en poche depuis peu.
J'ai beaucoup aimé. Lydia Flem est psy. Fille unique, elle perd sa mère deux ans après son père et elle doit vider la maison de ses parents.
"La mort d'une mère doit être quelque chose de singulier qui ne peut se comparer à rien d'autre et doit éveiller certainement en nous des émotions difficiles à concevoir." Sigmund Freud. Le livre commence par cette citation.
Toute l'histoire nous touche au cœur. A tout âge nous nous sentons orphelins lorsque nos parents disparaissent :
"Il se peut que les liens d'alliance et ceux de l'amitié ne soient pas moins puissants que les liens de filiation, et peut-être sont-ils bien plus heureux, mais il n'empêche qu'après la mort de nos grands-parents puis celle de nos parents, il n'y a plus personne derrière nous....En disparaissant, nos parents emportent avec eux une part de nous-mêmes."
Vient le moment où il faut s'attaquer au déménagement de tout ce qui constituait l'univers des parents, surtout lorsque la maison est habitée depuis longtemps, fouiller dans leurs papiers, découvrir des petits secrets, se séparer des choses qui encombrent. L'héritage n'est pas une donation, les gens héritent de leurs parents tout naturellement, la donation c'est différent, ce sont les parents qui décident de donner de leur vivant tel objet de valeur, des bijoux :
"Tout ce qui dans mon enfance ou mon adolescence m'avait fait rêver, que j'avais souhaité recevoir, que j'avais espéré, convoité et demandé sans succès, ou qu'il m'avait interdit de toucher, tout ce qu'on m'avait empêchée d'utiliser ou de porter m'était soudain échu."

Nos parents sont en même temps très proches mais quelquefois inaccessibles, nous ne connaissons pas leurs pensées secrètes, il y a des moments de leur vie que nous ne soupçonnons pas. En vidant leur maison nous pouvons découvrir des aspects d'eux que nous ignorons et qui nous surprendront.

Je dis nous, mais pour moi ce ne sera pas le cas, les miens ont souvent déménagé leurs affaires, mon père jetait beaucoup, pas d'accumulation, à sa mort nous avons juste découvert une lettre qu'il conservait précieusement, il voulait récupérer ses meubles restés en Algérie et la réponse se trouvait dans cette lettre, aucun espoir. Cette lettre avait 48 ans. Nous ne connaîtrons jamais les actes qui constituent le fait de vider une maison, puisque lui se chargeait de faire disparaître tout ce qui l'encombrait et ma mère finit sa vie dans un petit appartement qui ne recèle aucun endroit secret, rien n'échappe à l'oeil.

En lisant nous découvrons les différentes phases du deuil, elles peuvent être différentes d'une personne à l'autre. Nous faisons avec l'auteure un bout de route douloureux mais en même temps traité avec des petits moments d'humour. 
Je vous le conseille.

"Le confident" d'Hélène Gremillon.

Livre dérangeant, très bien écrit, original, surprenant par les rebondissements. C'est le premier roman de cette auteure, pour l'anecdote elle est mariée à Julien Clerc.
L'histoire se déroule pendant la seconde guerre mondiale et un peu plus tard.
Une jeune femme Camille perd sa mère brutalement alors qu'elle attend son premier enfant, elle est éditrice, a un amant Nicolas qui lui ne veut pas d'enfant, elle décide de garder ce bébé malgré l'abandon du papa. Un mardi, un courrier arrive sur son bureau écrit par un dénommé Louis, la lettre est écrite comme un roman, il faut attendre l'autre mardi pour connaître la suite, plusieurs mardis. Camille pense que c'est une personne qui a trouvé cette manière originale pour se faire publier, mais au fur et à mesure s'insinue dans l'esprit de Camille l'idée que ces lettres sont pour elle, que quelqu'un veut lui faire connaitre une vérité, elle n'est pas l'enfant de celle qui l'a élevée, Elizabeth.
Elizabeth qui menait une existence bourgeoise avec Paul journaliste, découvre qu'elle ne peut pas avoir d'enfant, elle est stérile. Avoir un enfant tourne à l'obsession, elle essaie par tous les moyens de tomber enceinte, fait les choses les  plus folles écrites dans des livres pour devenir féconde. Tout le malheur des femmes stériles est décrit dans ce bouquin. Jusqu'au moment où lui vient une idée, qu'Annie la jeune fille qui vient peindre chez elle, qui lui tient compagnie, devienne la mère porteuse de cet enfant.
Elle demande à son mari d'avoir une seule relation avec Annie, une seule c'est promis, lui surpris refuse puis se laisse convaincre. Il est si convaincu qu'il s'éprend de la jeune fille, bien sûr la première fois n'a pas été concluante, ils recommencent, jusqu'à ce qu'Elizabeth découvre cet amour. Annie tombera enceinte. Je ne vous raconte pas la suite. C'est un roman bien maîtrisé qui nous entraîne dans une histoire à tiroirs sur fond de guerre mondiale. Joli style, j'ai bien aimé l'alternance, les lettres de Louis et les chapitres Camille. A quand le deuxième roman ?

A l'heure où les mères porteuses sont le sujet d'émissions à la télé ou sujet des infos, ce bouquin nous fait découvrir toutes les souffrances de certaines femmes qui ont promis de donner leur enfant mais qui n'arrivent pas à se détacher de lui. Je ne pense pas que cela soit simple de faire ce cadeau, son bébé et dans le roman c'est encore plus compliqué puisque la mère porteuse et le géniteur tombent amoureux, ce qui n'est pas impossible dans la vie.

Je vous le conseille vivement, vous serez pris dans l'intrigue, pas une seconde d'ennui.

Je vais commencer celui de F.O Geisbert "La cuisinière d'Himmler". Je vous donnerai mon avis dans une prochaine gazette, il vient juste de paraître.

Bye MClaire.