jeudi 19 avril 2018

Asli Erdogan "L'homme coquillage"



Asli Erdogan est turque. Opposante au régime, elle défend les minorités kurdes, emprisonnée pendant quelques mois, elle a été relâchée mais pas disculpée, elle risque toujours l'emprisonnement à perpétuité. Pour l'instant, elle vit à Francfort, son passeport est confisqué. Elle a fait des études de physicienne à Genèvre, mais sa passion reste l'écriture. 

J'ai lu ce livre troublant, une chose me gênait, j'avais fréquemment l'impression de lire un texte très appliqué, des mots choisis qui n'arrivaient pas à m'émouvoir. Cela manquait de spontanéité, les défauts d'un premier roman.
En recherchant sur internet j'ai compris pourquoi, c'était son premier roman écrit en 1993, traduit en 2017, elle a écrit quelques livres plus tard.
"L'homme coquillage" est en partie autobiographique.

L'histoire -

Un séminaire pour physiciens est organisé sur une île des Caraibes. Elle y participe sans grand enthousiasme.
Elle partage sa chambre avec Maya, une amie célibataire.
Les deux femmes se font très vite remarquées, les physiciens ne plaisantent pas, ils sont ennuyeux, centrés sur leurs recherches.
Il fait chaud, très chaud, la mer est là, tout près, la tentation est grande. Elle sèche quelques cours, visite les alentours et rencontrera Tony, l'homme coquillage, il est laid, effrayant, il porte un béret jamaïquain, deux colliers, deux coquillages, son moyen de subsistance est la pêche des coquillages qu'il revend aux touristes. Très vite s'établira entre eux une complicité, ils se reconnaissent, ont-ils subi les mêmes traumatismes? Les cicatrices de Tony sont physiques et psychiques, comme chez l'héroïne du roman. L'histoire de deux solitudes. Tous les deux sont des opprimés.
La chaleur des tropiques, la danse corps contre corps, les balancements des corps, tout à l'odeur du sexe; Ce voyage sur cette île va t-il lui permettre de se reconnecter avec la vie, d'aimer à nouveau? Cet immense amour platonique qu'elle porte à Tony va t-il l'aider?
Vous aurez peut être envie de lire ce roman, je n'en dis pas plus.

J'ai aimé la description de l'île, ce qui de loin nous semble paradisiaque ne l'est pas autant que nous le pensons. La violence, les trafics, tout ce qui permet à la population des ghettos de vivre. Les hôtels de luxe sont tout près. 
La narratrice passe de l'exaltation à la lassitude de vivre, Elle a dû beaucoup souffrir, son enfance et sa vie de jeune femme ont été marquées par la violence, la vie en Turquie est difficile pour les femmes. L'enfance est l'élément fondateur d'une vie, nous sommes à jamais marqués par l'enfance.
Tony offrira un de ses coquillages, Tony n'était pas un intellectuel mais il savait mieux qu'un autre sentir le désespoir de l'autre. J'ai aimé le personnage de Tony, c'est lui que je trouvais le plus émouvant.

Je n'ai pas lu d'autres livres de cette écrivaine, un jour peut être...

Bye MClaire.