jeudi 3 mai 2018

"Vers la beauté" David Foenkinos.




Jeanne Hébuterne- Modigliani. Elle s'est défenestrée après la mort du peintre, elle avait 22 ans.

Je pense avoir pratiquement lu tous les livres publiés par l'auteur, il écrit depuis 16 ans, j'ai aussi vu les films tirés de ses romans. J'aime sa légèreté, son style, ses histoires et l'homme semble sympathique lorsqu'il passe à la télé.
Je n'allais pas passer à côté de son dernier roman "Vers la beauté".
Complètement différent des autres, coïncidence, je l'ai lu au moment où la fiction rejoignait la réalité, une enfant assassinée après un viol, le violeur marié, la femme injuriée, des parents qui ne comprenaient pas, des voisins qui ne soupçonnaient pas, dans le livre ce sont des enseignants, tout correspondait. J'avais le coeur serré, je ressentais un profond malaise. A mes yeux, le livre est magnifique, poignant.

L'histoire : Antoine Duris, professeur apprécié aux Beaux-Arts de Lyon, décide du jour au lendemain de quitter son poste, il postule pour être gardien de salle au musée d'Orsay. Sa passion pour Modigliani n'est pas la seule cause de ce désir qui apparaît bizarre aux yeux de la DRH Mathilde Mattel. Il veut disparaître aux yeux de tous, sa famille, ses amis, personne ne pourra le joindre, il abandonne son portable, loue un studio meublé, charges comprises, il n'est pas abonné, son nom n'apparaît pas chez les distributeurs d'eau et électricité. Il pense pouvoir disparaître..chasser sa mélancolie, oublier. Qui remarque un gardien de musée? Il est transparent aux yeux des visiteurs.
Mathilde finira par comprendre son choix, elle l'aidera... Il y a bien sûr une rupture avec Louise, 7 ans de vie commune, elle est partie, mais il y a autre chose de plus grave, il y a Camille, élève douée, qui porte un lourd secret, Antoine n'a pas compris la désespérance de Camille. Je vous laisse lire la suite..

Tellement surprise de lire un autre David Foenkinos, plus grave, il y avait eu "Charlotte", mais "Vers la beauté" est vraiment différent. La deuxième partie du livre est bouleversante, l'auteur a une sensibilité féminine, les mots sont bien choisis, les sentiments bien exprimés, les souillures, la culpabilité de la victime, le mal de vivre après un acte aussi ignoble. Comment se reconstruire? Une vie peut-elle être réparée au contact de la beauté?

"les tristesses s’oublient avec Botticelli, les peurs s’atténuent avec Rembrandt, et les chagrins se réduisent avec Chagall".

Et il y a l'art, la peinture, l'auteur suscite l'envie d'aller dans un musée, je connais les peintres, leurs oeuvres mais je ne saurais pas commenter un tableau, je regarde sans comprendre les détails "C'est beau". Point.  Antoine contemple un tableau, sa beauté, il comprend ce que le peintre a voulu transmettre, cela lui permet d'oublier la laideur du monde, il parle à Jeanne Hébuterne. J'ai aimé Antoine, homme fragile.

Lisez ce roman, il se lit très vite, je n'avais pas envie de le poser.. L'avis sera t-il différent venant d'un lecteur plutôt que d'une lectrice? Peut-être. Juste une chose, il faut raconter, la parole libère celui ou celle qui a subi le pire, morale du livre.

Bye MClaire.